Avec une dizaine d'albums pour une vingtaine d'années d'existence, on peut dire que Tempest est un représentant incontournable du folk à tendance celtique aux Etats-Unis. Le groupe se glorifie d'ailleurs d'avoir joué plus de deux mille fois sur scène. "The Tracks We Leave" utilise les mêmes recettes que ses prédécesseurs, à savoir un mélange d'adaptations de standards du répertoire traditionnel et de nouvelles créations.

Le titre de l'album fait référence à un proverbe sioux du Dakota qui dit 'We will be known forever by the tracks we leave', que l'on peut traduire par 'Nous serons toujours connus par les traces que nous laissons'. Le folklore étant un héritage du passé, cet opus est on ne peut mieux nommé. Sur onze pistes, cinq sont des reprises, peu ou prou adaptées, de musiques et chansons des terroirs celtes. Si en écoutant 'Rantin' Rovin' Robin', 'Rattlin' Roarin' Willie' ou 'The Leitrim Set' vous ne vous imaginez pas dans un pub irlandais, une pinte à la main, avec des envies de danser la gigue au son du violon virevoltant, c'est que vous êtes sourd ou insensible à ce style musical.

Les compositions originales, qui représentent quand même plus de la moitié de l'album, sont tellement empreintes de ce même folklore qu'on ne peut guère les différencier de celles issues du passé. Qui pourrait, par exemple, deviner que 'September Jig' est plus récente que 'The Brown Coffin' ? Le violon omniprésent, la mandoline, la flûte, le piano parfois et le chant, tantôt masculin, tantôt mixte, mais toujours très ponctué, sont les ingrédients dont tout bon folk ne saurait se passer. Ici, l'ajout parcimonieux de guitare électrique et de batterie donne un peu de modernisme à ces mélodies guillerettes, héritées ou non du passé, faisant penser à Blackmore's Night pour la musique et à Jethro Tull pour le chant ('Ganesh').

Un album de folk bien agréable qui n'a qu'un seul défaut, souvent rencontré sur ce type de production, une unité de style qui peut engendrer une impression de déjà entendu et donc une lassitude sur la longueur.