Est-ce son origine géographique - l'Islande - qui l'explique ? Car Momentum est un groupe franchement singulier. Ce qu'il a d'ailleurs toujours été, démarrant il y a une dizaine d'années sous le sceau du metal extrême, comme l'illustre en outre le parcours de certains de ses membres, issus de hordes locales telles que Potentiam ou Svartidaudi, pour finalement déboucher sur un Metal dont le socle agressif a été peu à peu arasé, permettant l'éclosion d'un art aujourd'hui protéiforme et difficile à cerner.
"The Freak Is Alive" n'est que le deuxième véritable album des Islandais. Son titre traduit autant la nature bizarre de son contenu que le retour de ses géniteurs, absents des bacs depus cinq ans. Sa défloration est, pour dire la vérité, assez douloureuse, œuvre froide et hermétique, presque austère, déambulant quelque part entre Doom et progressif, pour faire (trop) simple.
S'il reste de timides oripeaux du passé, visibles durant 'Bury The Eyes Once Gold', amorce aux traits lourds des plus trompeurs, ceux-ci s'avèrent en fait vite balayés, même s'ils ne sont pas totalement étouffés ('Creator Of Malignant Metaphors'). Les voix rugueuses cèdent la place à un chant clair profond et émotionnel cependant que le tempo demeure léthargique tout du long. Mais, à l'image des guitares suintant un mal-être absolu ('Gauntlet'), l'atmosphère qui se dégage de l'ensemble conserve une incontestable noirceur qui infuse au fond de compositions maladives et souvent pulsatives ('The Freak Is Alive') qui ne filent jamais droit.
Leur écoute laisse un goût amer tant leur progression déglinguée est constamment polluée par de curieux détails. Du coup, le décrochage n'est pas loin. Pourtant, il est en fait déjà trop tard: le poison est là, dans nos veines. On se surprend alors à vouloir suivre Momentum dans ce périple étrange dont le caractère hypnotique confine à une forme de transe silencieuse ('A Beast Is Near'). Le feu sous la glace, l'album bouillonne en définitive d'une espèce de tension sourde, tapie sous l'apparence rassurante de mélodies intimistes voire squelettiques.
Au final, l'envoûtement est (presque) total, à l'image du trippant 'Undercover Imagination', quand bien même, le menu une fois achevé, nous ne sommes pas sûrs d'avoir bien tout compris. Aussi barré que désincarné, l'opus se révèle à tout le moins intriguant, il est de ceux qui réclame nombre de plongées dans les profondeurs de son intimité pour en sucer le suc.