Ayant grandi avec les maîtres allemand de la musique électronique des années 70 et la période glorieuse du rock progressif, Robert Schroeder s'est forgé son propre univers musical, celui d'une musique électronique privilégiant les ambiances et les expérimentations sonores, au point de construire lui-même ses propres synthétiseurs. Adoubé (parrainé) par Klaus Schulze à la fin des années 70, il continue depuis son chemin en solitaire, présentant à ce jour une discographie d'une quarantaine d'albums sous son nom propre ou celui de Food 4 Fantasy.
Avec "Backspace", l'artiste a souhaité un retour aux sources de la space music des années 80, celle que l'on a qualifiée de New Age, aux vertus planantes et relaxantes. L'impression laissée par 'Spacerace' confirme très rapidement cette volonté. Les sons sont cristallins, l'atmosphère ample et majestueuse. Un gimmick mélodique répétitif sert de fil conducteur, par-dessus lequel viennent s'empiler les différentes couches sonores, ponctuées de coups de batterie électronique à l'écho très spatial ; cette première plage est une incontestable réussite.
La suite va faire perdurer cette impression durant une bonne moitié d'album, malgré un côté répétitif parfois exacerbé, notamment sur la plage titulaire dont les 11 minutes basées sur un thème rythmique d'une poignée de secondes vont s'avérer un peu longuettes.
C'est avec 'Floating Lights' que l'album va prendre un tournant : abandonnant les rythmiques et les thèmes répétitifs bien dans l'esprit de la Berlin School des années 70, Robert Schroeder nous envoie dans un univers bien plus éthéré, composé d'atmosphères toujours aussi majestueuses au sein desquelles la lenteur devient le maître mot et la mélodie un gaz rare. Les plages s'enchaînent alors en une succession parfois monotone de couches sonores, nimbant l'auditeur d'un effet ouaté certes relaxant, mais finalement quelque peu monocorde. Les claviers analogiques sont assurément superbes et le tout magnifiquement produit, mais la texture seule ne suffit pas à sauver cette deuxième partie de l'ennui.
Et c'est avec un morceau conclusif au titre prémonitoire ('Wake Up') que Robert Schroeder va mettre fin à cette rêverie, retrouvant alors une dynamique que l'on aurait souhaitée plus présente sur les minutes précédemment écoulées, afin de donner un peu d'alternance à ses langoureuses et lancinantes processions cosmiques.
Malgré une entame prometteuse et une réalisation irréprochable, "Backspace" ne convaincra finalement que les adeptes d'une musique new age reposante à la fois pour le corps et l'esprit. C'est malheureusement insuffisant pour en faire un disque de chevet pour la plupart des autres.