Alors que nous avions eu le plaisir de vous présenter son superbe "Mountain Man" il y a quelques semaines, voilà que Todd Griffin nous offre déjà un nouvel opus par l'intermédiaire de Bad Reputation. Autant dire que voir débouler aussi rapidement ce "7 Days To The Sabbath" et ses 14 titres avait de quoi nous laisser dubitatifs. Pourtant, point d'inquiétude à avoir puisqu'il s'agit en fait d'un recueil de morceaux enregistrés avec divers invités au cours de différentes sessions, et compilés pour l'occasion. Et quand l'on trouve des noms tels que Brian Forsythe (Kix, Rhino Bucket), Mark Kendall et Audie Desbrow (Great White), ou Doug Pettibone (Lucinda Williams) parmi les participants, une curiosité excitée prend rapidement l'ascendant sur les doutes originaux.
Et dans le cas où quelques craintes subsisteraient, elles sont rapidement balayées par la batterie lourde d'un 'No Love In America' hypnotique sur lequel la voix du maître de cérémonie nous envoûte entre la chaleur des couplets et la puissance des refrains. Centre de gravité incontournable de chaque titre, le chant rassemble autour de lui les amateurs de tous les genres abordés par Todd Griffin. Le rassemblement semble d'ailleurs être le leitmotiv de ce "7 Days To The Sabbath" permettant la rencontre des fans du Hard-Blues de The Graveyard Train (combo d'origine de Griffin) et ceux du Folk-Rock de "Mountain Man". Et si l'ombre des Black Crowes plane encore sur certains titres ('Let Your Love Shine', 'Understanding'), elle n'assombrit jamais un ensemble mêlant les influences avec talent. L'auditeur est transporté d'une ballade Folk-Rock légère et mélancolique ('New Shoes') à un Heavy-Rock au riff bien gras ('Seven Days') en passant par la reprise du 'Almost Cut My Hair' de David Crosby transpirant les 70's avec un solo enflammé de Brian Forsythe, ou un 'Manchild', hommage appuyé à Jim Morisson digne des titres les plus enfumés des Doors, sans que jamais son attention ne se relâche.
C'est là également que se trouve l'immense talent de Todd Griffin, capable de varier les ambiances tout en restant cohérent. Un titre tel que 'Witches Brew' synthétise à lui seul ce particularisme, alternant couplets planants et refrains agressifs sans anicroche et démontrant la classe vocale de l'artiste qui réussit une nouvelle démonstration tout au long de cet opus. Son chant peut tout aussi bien vous prendre aux tripes le temps d'un 'Man In The Sky' envoûtant, que se faire plaintif et triste sur un 'Where The River Flows' semblant s'élever des champs de coton, ou tout au contraire vous rassurer dans la chaleur confortable d'un 'Angels' transpirant d'un feeling renforcé par un orgue Hammond et la guitare de Mark Kendall. Tout cela est d'autant plus euphorisant que le talent de Griffin et de ses différents invités est toujours mis au service des chansons sans jamais déraper vers la moindre étalage technique stérile.
L'essai de "Mountain Man" est transformé avec classe. Sans être d'un accès trop facile, ce nouvel opus dévoile sa magie écoute après écoute pour ne plus vous lâcher. Véritable voyage intemporel aux paysages variés mais toujours envoûtants, il installe définitivement Todd Griffin sur les sommets d'un Rock se révélant descendre aussi bien du Hard de Led Zeppelin, voire Black Sabbath, que du Folk de Neil Young ou Tom Petty, à un confluent où l'on pourrait également retrouver Tesla, les Black Crowes ou Cinderella dans un mélange ne ressemblant à personne et faisant penser à tous en même temps.