Alors qu'il peine depuis ses débuts, il y a plus de quinze ans maintenant, à s'extraire de l'ornière de la série B, Maleficentia n'arrange pas son cas en espaçant toujours un peu plus ses offrandes, ceci expliquant sans doute aussi un peu cela. Six ans séparent ainsi "Finis Gloriae Mundi" de son prédécesseur, "Revelation From The Ancestral Whisper", troisième opus de bonne mémoire.
Le groupe de Sartrouville demeure malgré tout une valeur sûre, ce que confirme ce (tardif) nouvel effort. Il est un de ces solides artisans, peu exposés mais dont les albums riment toujours avec passion et travail bien fait. Si ses longues périodes d'abstinence discographique le privent du succès qu'il mérite pourtant, elles ont au moins le mérite de laisser à Maleficentia le temps de peaufiner son art, de progresser.
Ce méfait en constitue la plus belle démonstration, témoignant de la maîtrise à laquelle sont parvenus ses géniteurs, musiciens au savoir-faire éprouvé, plus que jamais fidèles à un Black Symphonique presque anachronique, ce qui n'est pas une critique. Sans prétention mais avec sincérité, le quatuor se moque des modes, privilégiant toujours les mélodies ('Among Wilted Hellebore') aux ambiances mortifères, ce qui n'exonère pas sa redoutable partition d'une ténébreuses noirceur et encore moins d'une tristesse mortuaire, comme l'illustrent les arpèges douloureux achevant 'Let The Vulture Sings My Empire'.
Drapé dans les sombres tentures de claviers riches en atmosphères ('Collapsed By Memories'), "Finis Gloriae Mundi" a quelque chose d'un édifice aussi noble que crépusculaire, dressé dans une nuit brumeuse et dont les fondations sont ces guitares acérées et mélodiques à la fois. Son écoute nous replonge, avec un plaisir certain, dans une époque lointaine, celle des Dissection et autre Sacramentum dont cet album épouse le même feeling sinistre.
Difficile à prendre en défaut, le groupe enfante une poignée de longues pièces ciselées avec précision, tavelées d'arrangements soignés sans être ostentatoires et qu'il est très agréable d'écouter. C'est un Black Metal à l'ancienne, qui a fait ses preuves, peu novateur - mais là n'est pas le propos - mais qui a pour lui une admirable simplicité, ce qui ne signifie pas qu'il soit pauvre ou basique, bien au contraire. Et s'il est permis de douter que Maleficentia accède grâce à lui à l'étage du dessus, "Finis Gloriae Mundi" ne s'impose pas moins comme son travail le plus abouti à ce jour.