Si certains avaient prédit à la naissance du death que ses ondes poisseuses se libéreraient un jour d'Egypte, ils auraient été relégués dans les corridors pour patients à la santé mentale déficiente. Mais voici Scarab, une formation issue de ce pays de sable, de vent et de chaleur, qui construit des architectures démiurges entre Orphaned Land et Arkan... "Serpents of The Nile" est ainsi une galette mature et violente qui érige un patchwork musical flamboyant, une musique aussi basique que profonde.
La guitare épaisse et poisseuse abuse des distorsions, enveloppe les compositions dans un fatras sonore aussi étourdissant qu'assourdissant. Les riffs gorgés de complexité, s'appuient sur de multiples variations de tempo, les mélodies sont lumineuses bien que sombres : elles prennent aux tripes et arrachent le cœur. La batterie presque tribale claque, ses sonorités semblant diluer la lourdeur des ossatures guitaristiques. Quant à la voix, elle vomit ses tripes sur fond de riffs en béton armé et de batterie marteau-pilon...
Nous voyageons au travers d'ambiances multiples, baignées dans un habillage arabo-metallique : les structures se basent sur des modes orientaux. Dès les premières notes de l'introduction de 'Calling Forth the Ancient Spirits of Kemet' nous sommes témoins d'une mise en place impeccable et d'un talent indubitable. Vient ensuite l'apocalypse sonore qui transperce l'âme par ses battements épileptiques. 'Visions of The Blood River' lorgne vers Orphaned Land par un équilibre musical à mi-chemin entre metal et musique ethnique. Cette composition majestueuse passe par des strates diverses, des ambiances plurielles pour nous mener doucement à une jouissance terminale. Enfin, 'Funeral of The Paraoh' déploie une palette multicolore, ponctuée par des accents carrés très militaires.
"Serpents of The Nile" est une galette que tout amateur de death découvrira avec plaisir, un melting-pot dans la lignée de "Mabool". La formation y dévoile une musique à la croisée des chemins entre Orient et Occident, et livre un bouillon de culture plein de rage, nappé de mélodies suaves et d'éructations animales. Sacarab est donc, à n'en pas douter, un futur grand de cette scène sombre...