1982, la NWOBHM
battait son plein quand Tank sortit "Filth
Hounds Of Hades" son premier album. A l'époque, ce trio parrainé par
Motorhead était encore plein d'espoir. Il rêvait de surfer sur la vague de la vierge de fer et des jeunes loups de Sheffield, en
espérant que l'appel d'air généré par leur succès leur
permettrait d'imposer leur heavy metal sévèrement pourvu en
attributs masculins. Las, leurs quatre albums suivants sortirent dans
la quasi-indifférence générale et le groupe disparut entre 1987 et
2002, année où il sortit de l'oubli pour un opus qui les propulsa à
nouveau dans les limbes de l'anonymat pendant huit ans.
Mais, depuis 2010 les Anglais
nous gratifient d'une production régulière. Néanmoins, c'est avec
une certaine circonspection que nous abordons l'écoute de ce "Valley
Of Tears", dixième album du combo. En effet, le désormais quintet ne
nous a pas forcément gratifiés de disques inoubliables depuis son
retour. Certains d'entre eux ayant même provoqué de nombreuses
moues désapprobatrices. Trop thrash ou mal chanté, trop entendu,
bref rien qui ne risque de vous faire vous relever la nuit, même si
vous êtes insomniaques.
Il faut dire que question
endurance des membres et fidélité au poste, les Britanniques ne
sont pas des exemples. Oubliée la constance qui génère souvent la
cohésion et la qualité des productions. Pensez-donc, les trois
petits nouveaux sont les 15ème, 16ème et 17ème musiciens intégrant
le combo ! Bosser pour Tank, c'est du genre érodant, visiblement.
Mais attirant aussi, preuve en est l'arrivée d'un ex-batteur de
Sodom, du bassiste de Blind Guardian et de l'ex-chanteur de
Dragonforce. Ce ZP Theart est d'ailleurs une belle trouvaille puisque
il est en grande partie responsable, grâce à son timbre de voix
fort mélodieux, de la réussite de ce "Valley Of Tears" dont le titre
est hérité d'une bataille de tanks datant de 1973 durant la guerre
du Kippour.
En effet le nouveau Tank est mélodiquement parlant très réussi, et, pour prendre toute la
mesure de cette information, il faut savoir qu'il convient de
remonter à l'album "This Means War" de 1983 pour parler du combo en
ces termes, une paille ! Mêlant riffs costauds - celui du titre
éponyme, même répété à l'envi est une tuerie - et refrains
imparables, le combo nous propose un heavy metal combiné à des
envolées de hard mélodique, mélange peu courant et pour le moins
rarement réussi.
Pour parfaire l'ensemble,
sachez également que le batteur ne vient pas de chez les
thrash-métalleux de Sodom par hasard et qu'on l'entend fichtrement
bien le bougre ( ! ) et que les deux guitaristes - qui sont les
plus anciens membres du groupe - s'en donnent à cœur joie pour
dégainer aussi dans les soli.
Voilà donc une vraie bonne
surprise que ce nouvel album de Tank. En tous cas pour les adeptes de
hard rock mélodique pêchu, ceux qui apprécient Pretty Maids par
exemple.
Alors, révisez vos préjugés et posez une oreille
attentive sur cet opus qui, bien qu'il ne soit pas d'une originalité
confondante, n'en demeure pas moins une réussite que vous saurez
apprécier à sa juste valeur. Il serait en effet malvenu de balayer
d'un revers de main, sans lui donner la moindre chance, la nouvelle
production d'un groupe nous ayant fait lever nos poings cloutés il y
a déjà trente-trois ans. Alors respect Messieurs !