Dans la catégorie des groupes qu’on adore détester, les parisiens de Betraying the Martyrs désormais signés par le poids lourd Sumerian Records (Periphery, Animals As Leaders, Born of Osiris, The Dillinger Escape Plan, Body Count…) sont en passe de devenir une référence avec un deuxième album clairement taillé pour le marché US.
L’introductif 'Jigsaw' pose les bases de la musique du groupe, à savoir un deathcore musclé aux accents djent proche de Born of Osiris, que ce soit musicalement ou bien vocalement, par l’entremise des growls abyssaux d’Aaron Mats. Au jeu des comparaisons, Betraying the Martyrs pourra également rappeler Scarve au gré notamment du chant clair de Victor Guillet qui évoque par moment celui de Guillaume Bideau sur les refrains ('Walk Away').
Cette recette, à la croisée des chemins du deathcore et du djent teinté de relents symphoniques souvent associés de chorales enfantines, atteint son paroxysme sur la reprise de 'Let It Go'. A moins d'être totalement coupé du monde et des médias télés ou radios qui véhiculent à l’envi les mêmes titres et/ou de vivre en reclus sans aucun enfant dans son entourage, vous ne pouvez pas être passés à côté du phénomène Disney "La Reine des Neiges" et son hymne original entêtant.
Dans notre société de surconsommation où l’indifférence est synonyme de mort artistique certaine, Betraying the Martyrs a choisi son camp et a décidé de susciter l’émotion qu’elle soit dithyrambique ou méprisante. Quoi qu’il en soit, cet exercice périlleux convient d’être salué tant il est réussi de main de maître artistiquement parlant !
Malheureusement, passée cette entame quasi-parfaite, Betraying The Martyrs pourra donner l’impression de se mettre en mode "automatique". En effet, la structure de la seconde partie de "Phantom" se décline sur le format d'un interlude instrumental atmosphérique permettant à l’auditeur de reprendre son souffle avant l’assaut de deux titres deathcore. 'L’Abysse des Anges' est le premier de ces trois interludes suivi de 'Phantom (Fly Away)' et 'What’s Left Of You' qui reprennent les hostilités de la plus belle des manières et évitent ainsi toute baisse de régime préjudiciable. Par la suite, "Phantom" perd un peu de sa superbe rendant certains traits notamment émocore dispensables ('Lighthouse') et ce malgré quelques soubresauts jouissifs comme le titre 'Legends Never Dies' aux relents Meshuggah.
Bref, vous l’aurez compris, si l'on regrettera un léger essoufflement sur la fin, à la lecture de tous les éléments positifs susmentionnés, on peut se demander pourquoi certains se plaisent tant à détester un groupe dont la renommée a dépassé nos frontières hexagonales ? Probablement, le syndrome français qui veut que la réussite soit une maladie honteuse…