Deux ans après un double live appétissant, The Muggs nous revient avec un nouveau matériel studio, une nouvelle offrande aux dieux du Hard Blues Rock, le bien nommé "Straight Up Boogaloo". Parfaite synthèse des différents univers explorés jusqu’à présent par la formation, le tout rehaussé de ce qu’on appelle une certaine expérience de la scène, ce cinquième album se pose en candidat idéal pour découvrir la formation.
A grand renfort de riffs, 'Applecart Blues' ouvre l’album sur une rythmique inébranlable que vient renforcer un martelage de toms dangereux pour le matériel. Todd Glass semble frapper comme si sa vie en dépendait alors que Tony DeNardo insuffle avec sa basse/clavier un groove rond et métallique à ce style inusable que The Muggs maîtrise désormais à la perfection. Dans ce registre cher au groupe (le fameux White Blues Rock du début des années 70, comme celui que Beck ou Clapton prêchait à l'époque), 'Lightning Cries' au riff envahissant et la reprise de Sabbath, 'Tomorrow's Dream' où traîne le fantôme d'une cow bell depuis longtemps défunte, seront autant de moments très attendus.
Autre terrain de jeu pour une autre ambiance dans laquelle le chant de Danny Methric se fait plus profond, le Blues, le vrai, avec l'excellent shuffle du titre éponyme débutant en fade in par l'annonce d'un présentateur radio perdu du midwest américain (et nommé Theotis Toddlinski) et l’antédiluvien 'Blues For Mephistopheles', hanté par de sombres murmures.
Plus loin, 'Fat City' et son refrain fédérateur vous saisira par la taille pour vous emmener dans une danse où les parties plus légères peuvent évoquer les harmonies chères aux Beatles. Dans ce registre doucereux, la voix de Danny Methric n'aurait pas dépareillé au sein d'un BÖC. Et puisque nous parlons d’influences, comment ne pas citer l’exercice de la reprise cher à la formation et que le trio (rappelons-le) assume avec brio, tenant la comparaison sans pour autant dépasser ses illustres maîtres. Si le titre de Sabbath fait forte impression alors que 'Rattlesnake Shake' de Fleetwood Mac se languit sur près de 12 minutes, le 'Yer Blues' des Fab Four n'apportera quant à lui rien de nouveau au moulin.
Terminons le tour de table avec le fameux 'Roger'. Ce double titre surprenant et qui tournera souvent sur votre platine, nommé 'Roger Over And Out A' puis 'B' se découpe en deux parties dont la première, psychédélique et électrique à souhait laisse la part belle aux guitares à la Jimmy Page, alors que la seconde s’inscrira dans une veine plus floydienne, acoustique et cinématographique dans l'esprit de "Meddle".
Avec "Straight Up Boogaloo", The Muggs semble revenir aux affaires plus fort que jamais et mérite enfin toute sa place au côté des meilleurs espoirs vintage du genre. A consommer sans modération !