"- Comment s´appelle ce groupe italien qui avait obtenu un grand succès dès son premier album ?
- Premiata Forneria Marconi.
- Quel nom à coucher dehors ! Ils ne devaient pas craindre les pertes de mémoire de leurs auditeurs potentiels.
- En fait, le groupe s´était faite sienne la philosophie "Plus c´est compliqué, et moins on l´oublie."
- C´est bien relatif..."
Après un premier album, faisant la part belle aux accents symphoniques et romantiques, Premiata Forneria Marconi poursuit sa lancée en retrouvant très rapidement le chemin des studios pour enregistrer son second album, "Per un amico". Le groupe passe à la vitesse supérieure et creuse l´écart avec l´album précédent en laissant la part belle aux séquences instrumentales.
L´album débute par des mesures de mellotron, tandis qu´un clavier stimulant nous donne l'impression de sentir des gouttes d´eau. Nous assistons à la naissance d´une rivière sonore, qui creuse ses méandres dans un paysage campagnard, au son de la guitare acoustique, renforcée par ses affluents, la flûte puis le clavecin et enfin la basse. La petite rivière commence à bouillonner sous les poussées de la batterie et du violon qui nous font parcourir un terrain accidenté. L´irruption de la voix offre un apaisement aux flots déchaînés accentué par une séquence planante rappelant 'Impressioni di Settembre'.
Un autre groupe aurait pu se reposer sur les lauriers de sa piste introductive, mais la superbe boulangerie fera preuve d'un égal niveau d'excellence sur toutes les autres pistes. Le titre éponyme dominé par des moments de grâce, incarnée par la flûte et les synthétiseurs convoquera les réussites du premier album, tandis qu' 'Il Banchetto', poussera plus loin ses explorations sonores, mélangeant adroitement classique (la guitare acoustique) et moderne (les synthétiseurs, les mellotrons) et avançant au gré des ruptures pour finalement rejoindre son point d´origine. 'Geranio', parfois proche du 'Harlequin' de Genesis, nous envoie en promenade dans un palais désert, nos pas résonnant au fil des notes du piano. Mais ce répit est de courte durée et déjà les tableaux semblent s´animer sous nos yeux, au son des choeurs et de la flûte. Le piano nous convie ensuite à valser avec les figures peintes comme dans un conte fantastique, avant que les coups de carillon et de la batterie ne nous annoncent que le bal est terminé et ne mettent fin au rêve.
"Per un Amico" est plus qu´un hommage amical, c´est la quintessence d´un groupe en possession de tous ses moyens artistiques. L´album suivant ne faiblira pas et nous laissera la nostalgie d´un âge d´or où l´audace se conjuguait avec la maîtrise. A noter que tout comme l´album précédent, cet album sera adapté en anglais par Peter Sinfield, mais l´écoute des dits objets n´est pas indispensable. Il faut comme toujours apprécier le naturel au profit du silicone...