Il aura fallu six ans au collectif Monnaie De Singe (MDS) pour fignoler et proposer ce quatrième album "Error 404". Pas de changement de line-up, ce qui montre les liens qui unissent les protagonistes. Dire que la marche qu’a franchie le groupe depuis l’album précédent est énorme n’est pas leur faire injure puisque la qualité de l’ensemble - tant en termes de production qu’en termes de compositions - est proche du coup parfait.
Tout d’abord, MDS a opté pour un format de compositions compris entre six et huit minutes, plus la suite en trois parties ‘Schizophrenia’ de trois fois quatre minutes malheureusement tronçonnée par des blancs. Le basculement jouissif vers un rock progressif feutré et accessible est notable à l’image de l’intro de ‘Open Your Eyes’ où les touches de piano parcimonieuses font d’emblée penser à l’univers de Paul Cusick pour un titre prenant de la vitesse afin de profiter par la suite de multiples couches de claviers. Les jalons sont posés.
La suite ‘Shizophrenia’ est donc morcelée à chaque changement de partie (‘Inside Me / White Room / Moonlight’) et cela est dommageable sans être rédhibitoire. Les vocaux tenus par Anne Gaelle font mouche à chacune de ses interventions, s’adaptant à chaque atmosphère de l’epic à l’image de la tendance pop prise sur ‘Schizophrenia – White Room’, composition que Delusion Squared n’aurait pas renié tant le mimétisme avec le chant de Lorraine Young et les ambiances sont palpables.
Mais c’est bien du côté de Porcupine Tree qu'il faut chercher les influences ressenties, particulièrement sur ‘See The Light’ ou ‘Between The Lines’, avec des riffs de six-cordes musclant le propos, des tempi désincarnés et de nombreux breaks que l’on peut trouver ici et là.
Pour finir un tour d’horizon des références qui vous permettront de catégoriser MDS, notons le très beau ‘Between The Lines’, néo dans l’âme, chanté magistralement par Philippe et doté d’un final rythmé digne de Paul Cusick, Ordinary Brainwash ou Cosmograf. A souligner aussi, le brillant solo de guitare de ‘Kill Me’ qui conclut une plage dont l’introduction planante ne laissait pas augurer de la suite. C’est aussi le titre où les guests à la voix (Sophie) et à la guitare (Olivier) font parler d’eux par leurs interventions efficaces.
Avec "Error 404", MDS impose sa présence dans le monde du rock français. Le progressif ne se renouvelle pas ? Oui, peut-être. Cependant, MDS prouve que, en utilisant des bons ingrédients de base, la recette minutieusement travaillée peut produire un très bel album surclassant les productions passées. A positionner à côté des références citées dans cette chronique car "Error 404" n’aura pas à en rougir, loin de là.