Cela faisait un brin de temps que nous n’avions plus de nouvelles des Tambours Du Bronx, qui n’avaient pas sorti d’album depuis 2009 et le bien nommé "MMIX". Cela explique peut-être le fait que le groupe semble avoir voulu effacer son absence en proposant avec "Corros" pas moins de 31 titres sur ce double album massif. Massif, et schizophrénique, car autant la partie "Cor" se montre novatrice et excitante, autant le volet "Ros", se montre lui prévisible et ennuyeux.
Pour les néophytes, le groupe s’est formé autour de l’idée d’utiliser des bidons métalliques Monostress de 225 litres (d’où le nom de leur second album) comme tambours, sur lesquels une grosse dizaine de membres des TDB frappent en rythme. Avec le temps, le groupe a enrichi sa musique grâce à des samples et des vocaux. Si "MMIX" avait permis aux Tambours de varier un peu leur propos, "Ros" offre une image du groupe plus figée et timorée. Figée dans le temps et incapable de surprendre. Les titres proposés ici sont principalement des réenregistrements de morceaux que l’on pouvait trouver sur leurs premiers opus. Et à leur écoute on peut se dire que l’objectif du groupe ne semblait pas être de révolutionner son genre. En effet, comment ne pas s’ennuyer à l’écoute d’un 'Cadence 22', qui s'éternise de manière interminable ? C’est répétitif, prévisible et d’une pauvreté absolue. La force primale, la folie et la curiosité qui avaient permis au groupe de se faire remarquer à ses débuts sont ici totalement absentes.
Et malheureusement, la suite est du même tonneau… 'Sangria Si !', 'La Caravane'… les morceaux se suivent et se ressemblent dans leur vacuité. Toujours le même ennui, le même sentiment de stagnation et de stérilité.
Mais le sentiment est tout autre lorsque l’on aborde "Cor". Le groupe se montre alors plus ambitieux, plus audacieux et tout simplement davantage inspiré. Porté par des sonorités plus électroniques et un positionnement plus en retrait des tambours, qui n’occupent plus le devant de l’espace sonore en permanence, ce disque est bougrement plus excitant que son alter égo ". Ici, l'orchestration prend le pas sur les rythmiques primales. Car, sans être totalement renversant, ce disque ne se contente pas de ressasser sans fin des rythmiques basiques et tribales, mais propose de véritables compositions, complexes et bien construites. Si l’émotion n’est pas au centre du propos des Tambours Du Bronx, il n’en reste pas moins que des titres de la trempe de 'Lost' ou de 'Na Ao' se montrent plutôt habiles pour varier les ambiances et que les arrangements sont assez convaincants. L’ensemble fourmille d’idées et d’arrangements intéressants. A tel point que ce "Cor", se révèle très massif et peut-être même un peu trop généreux. L’écoute de ces 17 titres est en effet par moments un peu fastidieuse tant les sonorités se montrent complexes et diverses, et tant les morceaux semblent s’enchainer sans fin. Un brin de concision n'aurait pas été un luxe.
On le voit, les deux facettes de ce double album sont diamétralement antagonistes : le décharné et passéiste "Ros" est en parfaite opposition avec le novateur et florissant "Cor".
Un équilibre un peu plus fin n’aurait pas été une mauvaise idée. Il n’en reste pas moins que si les TDB soufflent le chaud et le froid avec ce "Corros", ils nous donnent au final, notamment au travers de "Cor", une matière riche qui pourvoira longuement les fans en sonorités alambiquées et excitantes.
Un disque ambitieux et exigeant qui demande toutefois une attention poussée pour livrer toutes ses saveurs.