En 2009 sort l'album éponyme d'un nouveau groupe baptisé Progression By Failure. En fait de groupe à la consonance toute britannique, Progression By Failure est le one man band d'un petit frenchy, Nicolas Piveteau, qui tient tous les instruments pour cette première œuvre. Il revient en 2015 avec son deuxième album, accompagné cette fois de deux musiciens, Drayen Labie aux guitares et Mike Saccoman à la batterie.
Saluons immédiatement cette excellente idée. Il n'est déjà pas si simple de tenir l'auditeur en haleine sur un disque instrumental (car "Sonic Travelogue" est entièrement instrumental), et renforcer la gageure en officiant derrière tous les instruments s'avère parfois périlleux. Là, chacun tient parfaitement son rôle et, même si les claviers sont prédominants, la présence d'un batteur et d'un guitariste apporte un véritable relief à la musique, les trois musiciens faisant preuve d'une belle osmose.
Côté compositions, Progression By Failure ne manque pas d'inspiration et fait preuve d'une belle diversité qui évitera à l'auditeur toute lassitude, un autre écueil souvent commun au rock électronique et autres musiques planantes auxquels on peut associer cet album. Les mélodies sont privilégiées aux esbroufes démonstratives et les titres enchaînent beaux thèmes cinématiques et changements d'ambiance.
On passe ainsi avec délectation du prog jazzifiant de 'The Pyramid & The Sphere', aux accents médiévaux de 'Once Upon A Time', avant de sauter au futurisme parfois kitsch de 'A Day In The Swamp'. Le caractère cinématique se renforce sur 'Forest Of Doubt', la musique, à mi-chemin entre Tangerine Dream et Bertrand Loreau, dégageant un air de fraîcheur, de ruisseau au creux des bois, d'arbres majestueux élevant leurs verts feuillages vers des cieux ensoleillés. Autant le titre précédent respirait la douceur d'une promenade sylvestre un jour de printemps, autant 'Escaping The Ankou' évoque le côté urgent et désespéré d'une course contre la mort, ou du moins contre son messager. Enfin, les accords de piano lents et tristes de 'Autumn Mood' sonnent comme des gouttes de pluie faisant des cercles sur un étang gris avant que les arpèges de la main gauche et le souffle d'un vent synthétique ne transforment la petite pluie en un temps plus sombre et menaçant. Les nuages courent le ciel, le vent s'engouffre dans les vêtements, la campagne est lugubre et les chemins boueux.
Chaque mélodie est évocatrice et invite l'auditeur à une douce rêverie. Si "Sonic Travelogue" n'a rien de réellement innovant, il représente avec panache le genre musical auquel il est affilié et s'impose comme un album d'une grande variété, accessible aussi bien au grand public qu'à un auditoire plus exigeant.