En 2010 ("A Touch Of Heaven") et 2011 ("Living And Dying In High Definition"), les Gallois de Serpentine nous avaient offert deux albums d'un AOR certes de qualité, mais particulièrement influencé par Shy, parenté renforcée par la présence de Tony Mills au chant. Depuis, Shy a sorti un superbe album éponyme en 2011, voyant Lee Small remplacer Tony Mills, lequel a également quitté Serpentine où il a été remplacé par Adam Payne. Alors que l'avenir de la formation anglaise semble compromis suite au décès de son leader Steve Harris, le combo mené par Christopher Gould (guitare) et Gareth Davis Noon (claviers) tente d'occuper le terrain, peut-être avec le secret espoir de profiter de l'occasion pour recevoir une reconnaissance le fuyant depuis ses débuts.
Il est vrai que ce "Circle Of Knives" possède de nombreuses qualités lui assurant un minimum de respect de la part des amateurs d'un AOR racé et finement ciselé. Les titres sont hyper travaillés, bénéficiant de la superbe production de Gary Hughes (TEN) qui réussit à mettre en valeur chaque membre du groupe. La section rythmique, dans laquelle Owen Crawford a remplacé Gareth Vanstone à la basse, est impeccable, et Gareth David Noon assure toujours des lignes de claviers apportant envergure et profondeur à chaque titre. L'introduction de 'Season Of The Witch' est d'ailleurs majestueuse et lance un titre puissant au refrain accrocheur qui laisse espérer un album de grand standing. Et du talent, il y en a, avec des titres qui peuvent se montrer énergiques et entraînants ('La Tragedienne'), un peu plus sombres et mélancoliques ('Forever' et 'Bleed'), voire même calibrés pour se révéler de véritables hits potentiels ('The Hardest Fall').
Malheureusement, Serpentine n'arrive jamais a réellement s'extraire de l'ombre omniprésente de Shy. Et si, comme sur les titres précédemment cités, les jeunes Gallois viennent parfois flirter avec les sommets atteints par leurs omnipotentes influences, c'est toujours en restant dans l'obscurité par un manque flagrant d'originalité. Le pire, c'est que les rares points sur lesquels le quintet fait enfin preuve d'une identité un peu plus affirmée, le sont à charge. En effet, si Adam Payne officie dans des tonalités proches de Lee Small dans les graves, il est très loin de posséder la puissance du frontman de Shy, ce qui le cantonne dans un registre se révélant assez monotone à la longue. De son côté, Chritopher Gould multiplie les soli alliant technique et vélocité mais ne possède pas le feeling qui faisait de Steve Harris le principal dépositaire de la marque de fabrique des Anglais.
Au bout du compte, malgré quelques titres attachants, les références systématiques à Shy installent un sentiment de linéarité provocant un relâchement de l'attention qui laisse passer les derniers titres sans que l'on puisse en retenir grand-chose. Voilà qui est d'autant plus frustrant que l'on ressent un potentiel évident qui, tristement, s'efface complètement derrière le sentiment d'avoir affaire à un clone. L'intérêt ne dépasse pas l'écoute de premiers titres qui viennent partiellement combler l'attente d'un hypothétique retour du combo anglais qui a peu de chance de survivre au décès de son leader. Incapable de se renouveler, à l'image de la pochette ressemblant encore fortement à celles des précédents albums, et de faire preuve de la moindre personnalité, Serpentine se condamne à rester dans les divisions inférieures d'un genre musical dont la relève ne manque pas de formations intéressantes.