Deuxième album de Rush, "Fly By Night" est marqué par l'arrivée derrière les fûts - et comme parolier - de Neil Peart. La formation est fixée et ne changera désormais plus. Ceci étant, cet opus reprend pourtant les choses là où son prédécesseur éponyme venait de les laisser quelques mois auparavant: quelque part entre Hard Rock zeppelinien et Blues incisif. L'influence du batteur reste encore discrète malgré un jeu qui fait déjà des étincelles, notamment sur le plus long titre du lot (sur lequel nous reviendrons) et quelques textes à l'imagination cependant timide.
Inégal, "Fly By Night" se révèle à la fois plus abouti, plus recherché que son aîné, mais malheureusement un peu décevant dans sa seconde moitié. De fait, le disque souffre d'un certain déséquilibre, enchaînant tout d'abord ses titres les plus musclés avant de s'endormir lors d'une fin de parcours qui n'évite l'ennui que par le talent de ses créateurs. De l'inaugural 'Anthem', au son de basse tout en rondeur, au remuant 'Beneath, Between And Behind', Rush fait montre d'incontestables progrès, affirmant doucement une personnalité embryonnaire mais chaleureuse.
Cette identité commence à se dévoiler grâce à 'By-Tor And The Snow Dog', première longue pièce dans la carrière du groupe, essai parfois maladroit en cela qu'il manque de liant, mais néanmoins jouissif lors de sa partie instrumentale du feu de dieu, au socle rythmique dynamique et furieux (pour l'époque s'entend) tout en étant riche d'ambiances contrastées, tour à tour rapides ou veloutées.
Hormis 'Making Memories', jolie respiration acoustique encore que trop influencée par "Led Zep III", ce qui suit se veut moins mémorable sinon trop mou, la faute à ce 'Rivendell', inoffensive ballade, et à 'In The End', louchant lui aussi vers le style des Anglais, celui de 'Stairway To Heaven', avec son entame en douceur qui cède ensuite la place à un ton plus dur sans pour autant égaler son modèle, loin s'en faut. Sans oublier un titre éponyme efficace bien que peu novateur.
Mais, l'actif l'emportant sur un passif somme toute relatif, "Fly By Night" demeure un bon disque aux discrètes velléités progressives, évolution que "Caress Of Steel", son successeur, accentuera bien vite.