Si
vous savez déjà que les frères Nelson sont issus d'une famille
artistique qui leur a permis d'entrer dans le livre des records,
c'est que vous avez déjà pris connaissance sur Music Waves de la
chronique de "Lightning Strikes Twice", leur album précédent, opus
datant de cinq ans déjà. Si vous savez déjà que les jumeaux
officient dans l'AOR gentillet depuis un quart de siècle, qu'ils
ont vendu plus de six millions d'albums, qu'ils sortent avec "Peace Out" leur neuvième opus et qu'ils l'annoncent eux-mêmes comme leur plus
abouti et ambitieux, c'est que vous suivez a minima la carrière du
binôme. Si vous savez déjà ce qui vous attend à l'écoute de ce
nouvel arrivant ... c'est que vous pouvez refourguer votre boule de
cristal, elle a fait son temps.
Car
en effet, pour ce nouvel essai, les frérots ont mis de la bière
dans leur limonade. Les rythmiques appuyées ont remplacé les
accompagnements soft du passé, les soli sont loin d'être réduits à la portion
congrue, l'ambiance est beaucoup plus Rock 'n' Roll, bref on verse
plus du côté du Hard Rock US mélodique que de celui de l'AOR de base.
L'énergie développée est communicative, ce d'autant que les
refrains, concoctés dans un style très 80's, sont imparables.
La
première partie de l'opus est une succession de titres punchy
entamée avec un 'Hello Everybody' qui sonne comme une envie de
souhaiter la bienvenue au potentiel nouveau public susceptible d'être
accroché par la courbe stylistique abordée. Il faut attendre le
sixième titre pour voir l’entrain s'estomper avec l'arrivée de la
ballade de rigueur. Rien de chagrinant car elle tient fort bien la
route et surtout ne sera pas le signe avant-coureur d'une seconde
partie d'album qui rentrerait dans le rang.
Bien
au contraire, les blondinets repartent à l'assaut de votre platine
avec un 'Rockstar' décoiffant et continuent sur leur lancée jusqu'au
bout de l’œuvre, excepté le dernier morceau, une ballade bluesy
dispensable. Voilà bien le seul petit faux pas de cette nouvelle
offrande des Nelson, avec la pochette de l'album qui semble avoir été
dessinée avec les pieds par un malheureux doté de deux appendices
gauches.
Il
y a comme un mélange d'Europe (celui des années 2000) et de Cheap
Trick dans cet album des jumeaux américains. Ce qui peut
surprendre de la part de ces garçons qui nous avaient habitués à
beaucoup plus de sagesse conceptuelle. Oser s'encanailler sera-t-il
payant pour eux ? Attireront ils une nouvelle frange
d'amateurs ? Ce n'est pas gagné d'avance car une étiquette de
vingt ans d'âge ne disparaît pas d'un claquement de doigts, et
risque fort de rester collée à leurs semelles un bout de temps
encore. Il faudra vraisemblablement d'autres albums aussi
convaincants que ce "Peace Out" pour changer la donne. Mais d'ici-là,
profitons de cette galvanisante galette qui mérite votre attention.