Après l’excellente réédition de « The Five Shires », on attendait beaucoup de la part d’Elvaron. La richesse incroyable de cet album ainsi que son côté fédérateur laissaient croire que le meilleur restait à venir. Et cette impression était la bonne.
Sans changer de recette, Elvaron nous a pondu un album qui dépasse largement son prédécesseur, notamment grâce à un gain notable en maturité. Un signe qui ne trompe pas : l’impact direct des chansons. Après une brève introduction (« Siren’s Call »), « Warhead » prend littéralement l’auditeur à la gorge. Un riff qui rappelle le grand Megadeth, une rythmique puissante, un chant agressif et une partie instrumentale démontrant tout le talent de la bande à Mathieu Morand (avec un passage de musique classique étonnamment bien inséré). Peu de gens auront quelque chose à redire après ces huit minutes quasi parfaites.
Ce morceau cristallise également les petits défauts d’Elvaron, qui ne sont pas vraiment musicaux. Le chant n’est pas toujours assez incisif. Avec une musique aussi ambitieuse, il faut quand même avoir un chanteur exceptionnel, et même si le guitariste/chanteur s’en sort avec les honneurs, on se prend parfois à rêver d’un grand chanteur de métal pour propulser la musique d’Elvaron dans la cour des très grands.
La deuxième faiblesse de The Buried Crown est la production, qui pèche par manque de moyen. D’un autre côté, le progrès est net et constant depuis le premier album dans ce domaine, alors l’optimisme est de mise !
Sinon, que peut-on dire pour décrire la musique d’Elvaron ? Richesse ? Variété ? Musicalité hors du commun ? Puissance ? Tous ces éléments sont réunis pour créer un métal progressif original, rappelant aussi bien Megadeth que Dream Theater en passant par le classique, le jazz et des sonorités moyenâgeuse. Le tout dans un style unique et propre, reconnaissable dès les premières mesures.
L’exemple de la suite « King Of Thalia » est la démonstration de la force du groupe, qui passe du coq à l’âne sans que l’on s’en rende compte tellement la musique du combo lorrain est enchanteresse.
Pas de doute, Elvaron possède un potentiel fou, et – il faut bien l’avouer - assez rare en France. Les fans de prog et les fans de métal en général (certains ont déjà deux albums de retard) devraient sans plus tarder jeter une oreille plus qu’attentive à ce magnifique album.