Troisième album en trois ans et troisième line-up différent pour Last Autumn's Dream. Certes, le départ de Thomas Lassar, dont les claviers sont désormais assurés par Mikael Erlandsson lui-même, n'est pas aussi spectaculaire que le renoncement des trois membres d'un Europe désormais reconstitué, mais il traduit cependant une instabilité au sein de la formation germano-suédoise qui pourrait se révéler inquiétante. Pourtant, et alors que ce mouvement est jumelé à un changement de label voyant le désormais quatuor quitter Frontiers pour rejoindre Escape Music, Last Autumn's Dream semble retrouver la fraîcheur de son premier opus.
L'entrée en matière est d'ailleurs significative de ce nouvel élan après un second opus qui s'était révélé moins aisément accessible malgré des qualités indéniables. Entre un 'Love To Go' dynamique et à l'enthousiasme communicatif, et un 'Don't Let Our Love Go Down' popisant et au refrain imparable, l'énergie positive du premier album éponyme semble être à nouveau le moteur des Scandinaves. Chaque instrument bénéficie d'un mix équilibré le mettant en valeur, et l'auditeur profite du jeu dynamique de Jamie Borger, du style si particulier de Marcel Jacob et de la vélocité mélodique d'Andy Malacek. Difficile également de résister par la suite à la pêche d'un 'It's Alright' accrocheur et un brin symphonique, au refrain exaltant de 'My Heart Keep Stalling' ou à un 'All I Want Is Rock'n'Roll' catchy, et au refrain fédérateur digne du Bon Jovi des débuts.
A côté de ces perles mélodiques, Last Autumn's Dream nous sert également un titre éponyme plus sombre et mélancolique, permettant ainsi une variation des ambiances à laquelle participent les ballades de cet opus. Au nombre de quatre (5 avec le bonus ''Till The End Of Time'), elles sont généralement réussies, que cela soit dans un style typiquement scandinave ('The Way You Smile'), en rendant un hommage appuyé à Queen ('Echoes From The Past' avec ses chœurs en harmonies et son solo digne de Brian May), ou dans un style power-ballad rappelant parfois le 'Sympathy' des Rare Birds ('If You're The One'). Quant au single 'I Don't Want To Hurt You', il fait preuve d'une délicatesse désarmante qui fera fondre les cœurs d'airain. Le grand nombre de ces moments dédicacés à la tendresse a cependant le léger défaut de faire trop souvent baisser l'intensité d'un album qui aurait probablement gagné à bénéficier d'une meilleure dynamique.
En dehors de ce très léger défaut, "Winter In Paradise" marque le retour de Last Autumn's Dream au style frais et accrocheur de son premier album éponyme. Le groupe semble plus soudé que jamais et sûr de son art, proposant une formule qui sera confirmée sur les prochains albums pour imposer une identité marquante au sein du paysage AOR / Hard Mélodique. Sans être parfait, cet album n'en est pas moins rempli d'espoirs et de qualités à même de satisfaire tous les amateurs de belles mélodies fraiches et réjouissantes.