Après avoir enchaîné deux albums peuplés de singles à succès, Billy Idol aura pris 3 ans pour proposer ce "Whiplash Smile". Malgré ce délai, rien ne semble laisser augurer de véritables changements dans l'œuvre du punk britannique peroxydé. Keith Forsey est toujours à la production, et l'inséparable Steve Stevens partage à nouveau la composition et l'interprétation avec son reflet en négatif. Seule la luminosité d'une jaquette laissant toujours apparaître le maître des lieux nous toisant d'un air arrogant, apporte une petite touche de nouveauté.
Pourtant, bien que reprenant les ingrédients d'une formule qu'ils ne partagent avec personne, Billy & Steve prennent quelques risques dès le premier titre intitulé 'Worlds Forgotten Boy'. S'étalant sur presque six minutes, il alterne les tempi et les ambiances, se révélant un peu désarçonnant, même si le mélange des influences punk, hard et new wave reste la base d'une identité sonore reconnaissable entre toutes. Les interventions de guitare sont toujours lumineuses et le chant est parfaitement maîtrisé, mais le binôme infernal nous avait habitués à des choses plus directes. La suite revient dans un cadre plus habituel et multiplie les pépites imparables et hyper accrocheuses, proposant une sorte de gospel électro-rock entraînant et hâbleur ('To Be A Lover') et une nouvelle bombe à fragmentation cinglante et directe ('Soul Standing By'). Enfin, après la ballade nostalgique électro-acoustique 'Sweet Sixteen', 'Man For All Seasons' alterne accélérations irrésistibles et breaks plus calmes dont l'un est l'occasion d'une démonstration de vélocité de Steve Stevens sur un solo à l'ambiance jazzy.
Après une telle série, tous les éléments semblent réunis pour que ce "Whiplash Smile" maintienne le niveau d'excellence atteint sur "Rebel Yell", d'autant que le single 'Don't Need A Gun' vient nous envoûter tout au long de ses six minutes d'une new-wave synthétique mâtinée d'électricité rock et zébrée d'intervention guitaristiques cinglantes. Malheureusement, l'intensité s'effondre avec la succession de titres calmes et vaporeux trop lisses pour retenir suffisamment l'attention. Isolé au milieu de ces atmosphères favorables à l'assoupissement, 'Fatal Charm' et sa grosse ligne de basse ressemble plus à un sursaut au milieu de la sieste, qu'à un réel retour de l'implacable énergie de la première moitié d'album. L'ensemble est loin d'être désagréable mais il souffre trop de la comparaison avec la force dégagée précédemment.
Malgré quelques prises de risques et plusieurs pépites irrésistibles, ce troisième opus retombe tel un soufflet avec un final manquant cruellement d'énergie et laissant l'auditeur sur sa faim. Billy Idol et Steve Stevens donnent finalement l'impression de ne plus trop savoir comment poursuivre leur carrière, ne trouvant pas l'équilibre entre des fondations solides et à l'identité forte, et l'intégration d'évolutions visant à éviter à leur musique de s'enliser dans une redite trop évidente. Les influences, à l'origine de la formule dont ils sont les propriétaires, semblent portant suffisamment nombreuses pour permettre de varier la recette sans la défigurer.