Après un premier album éponyme plutôt réussi, les italiens de Quella Vecchia Locanda produisent deux ans plus tard leur second … et dernier opus.

Avant même avoir jeté une oreille sur l'objet, quelques différences attirent l'attention. Un petit mouvement dans le line-up par exemple. Romualdo Coletta cède la basse à Massimo Giorgi et Donald Lax laisse son violon à Claudio Filice. Autre changement notable, la tendance des titres à s'allonger, la seconde face du vinyle reprenant deux titres flirtant avec les dix minutes. Poudre aux yeux ou véritable évolution ? A l'écoute, on penche en faveur de la seconde hypothèse.

Le renouvellement du line-up s'avère en effet bénéfique. En plus de la basse, Massimo Giorgi joue accessoirement de la contrebasse, qui s'illustre brillamment sur 'Un Giorno, Un Amico', et le jeu de Claudio Filice s'avère plus lyrique et plus moderne que celui de son prédécesseur. Outre cela, Giorgio Giorgi a fait de nets progrès au chant : celui-ci est plus rond, moins forcé et, s'il n'est en rien exceptionnel, il s'écoute agréablement, sachant à l'occasion faire preuve de pudeur ou de romantisme.

L'allongement des titres permet au groupe de corriger un autre défaut de son premier album, prenant désormais le temps d'exposer ses thèmes mélodiques. On saute moins du coq à l'âne même si Quella Vecchia Locanda n'a pas complètement abandonné ses vieilles habitudes. Néanmoins l'esprit de l'auditeur a généralement le temps de s'habituer à une mélodie avant que le groupe ne décide de subitement l'abandonner pour se saisir d'une autre. 'A Forma Di...' prend même la forme d'un hymne dont les boucles répétitives enflent dans un lent crescendo.

Toujours dominée par les instruments acoustiques (ah ! ce piano ! joliment secondé par le violon, la flûte qui a perdu ses tics tullien, une clarinette, un saxophone et une contrebasse déjà citée), la musique a gardé son raffinement du premier album, se diversifiant un peu plus si cela était encore possible. Au cocktail progressivo-classique de son disque précédent, que l'on retrouve magnifié sur l'excellent 'Villa Doria Pamphili', l'instrumental 'A Forma Di...' et le très prog seventies-like 'È Accaduto Una Notte', viennent s'ajouter une bonne dose de jazz/musique tzigane/style western ('Un Giorno, Un Amico') et de jazz rock/rythmes sud-américains/pop ('Il Tempo Della Gioia'), faisant glisser le groupe du classicisme de son premier album à un art rock plus audacieux parfois proche de King Crimson.

Certes, tout n'est pas parfait. Si Quella Vecchia Locanda nous réserve de très beaux moments de musique, celle-ci est parfois légèrement contrariée par des idées surprenantes (des chœurs moyennement maîtrisés, la fin parfois abrupte de certains titres, l'explosion finale clôturant l'album, quelques sonorités de claviers vieillottes). Néanmoins, "Il Tempo Della Gioia" fait partie de ces albums que tout amateur de rock progressif old school se doit de posséder.