A ceux qui pourraient penser que Michael Bormann a pris son temps pour donner une suite à "Different" paru en 2010, il paraît bon de rappeler que l'ancien frontman de Jaded Heart a eu un emploi du temps des plus chargés durant les quatre dernières années. Non content de remplacer DC Cooper au sein de Silent Force pour le dernier opus du combo de métal mélodique d'Alex Byrodt, il a également œuvré pour de nombreuses autres formations parmi lesquelles nous citerons Redrum, Powerworld ou Grindhouse. Rajoutez à cela sa participation très controversée à l'émission The Voice Of Germany (version allemande de The Voice) et vous aurez une idée du planning démentiel du talentueux vocaliste. Si elle n'a pas déclenché que des retours positifs, sa prestation au fameux télé-crochet télévisuel a au moins eu l'avantage de donner une sacrée visibilité à Michael Bormann. C'est fort de cette nouvelle notoriété que le chanteur allemand nous propose ce "Closer" afin de donner une suite à une discographie solo qui, si elle ne manque pas de qualités, ne brille pas vraiment pour son originalité.
Fort de son changement de label et du soutien accordé à tous les anciens participants à la fameuse émission précitée, ce nouvel opus bénéficie d'une belle production et ne manque pas de titres bien calibrés pour faire leur effet sur les ondes teutonnes, voire scandinaves. Le début des hostilités est d'ailleurs d'une efficacité redoutable, avec un 'I'm Not Your Entertainment' dont la puissance est à la hauteur de celle de la voix du maître des lieux, et d'une paire Bon Jovienne composée de 'Let's Make History' et 'Never Say Die' aux refrains hyper-accrocheurs et qui devraient cartonner auprès d'oreilles encore vierges de l'écoute répétée des leaders d'un Hard-Rock qualifié du terme générique de mélodique. Par contre, les habitués de ce genre musical ne pourront que difficilement échapper à un goût de réchauffé parfois proche du plagiat éhonté.
Les références sont d'une évidence aveuglante au point d'en éclipser parfois les qualités intrinsèques de titres pourtant forts agréables, voire efficaces. Bon Jovi donc, sur un 'Let's Make History' ressemblant à un remix de 'Bad Medicine' ou sur un 'Never Say Die' à l'ambiance western et au solo à la talk-box (ça ne vous rappelle rien ?), mais également Kid Rock sur des titres mélangeant Rap, Blues et Hard ('Can't Get A Touch Too Much', 'Down To The Bottle'), Def Leppard et ses chœurs si typiques ('Living It Up'), ou Nickelback avec ses gros riffs reconnaissables entre mille ('I Wanna Be A Rockstar'). Même le King Of Pop, Michael Jackson, est plagié sur un 'Because We Are The World' dégoulinant de bonnes intentions avec ses chœurs d'enfants.
Profitant d'une notoriété acquise de manière controversée, en particulier au sein d'un auditorat amateur de mélodies musclées n'acceptant qu'avec de grandes réserves les compromissions commerciales, Michael Bormann propose ici un album dont les qualités, pourtant réelles, disparaissent derrière une démarche mercantile trop évidente. Voilà qui est fort dommage car le bonhomme a du talent, et des titres épurés tels que 'Closer' ou la reprise du 'Warrior' de Demi Lovato, mettent parfaitement en valeur une qualité d'interprétation bien au-dessus de la moyenne. Même s'il est probable que les objectifs seront atteints en termes de ventes, il y a fort à parier que le talentueux multi-instrumentiste devra proposer quelque chose de plus authentique s'il veut se réconcilier avec des fans qui risquent de se sentir trahis par une démarche qui semble avoir oublié l'intégrité en chemin.