Lorsque l'on traîne, comme Argos, une étiquette clamant son appartenance à la mouvance néo-progressive, comment ne pas s'enliser dans les sentiers de la redite ? Le groupe allemand semble avoir trouvé sa solution au problème en osant des métissages musicaux audacieux.
Pour ce quatrième album, pas de changement dans le line-up, juste quelques invités qui sont venus prêter leur talent au quatuor de base. Andy Tillison (The Tangent) et Andy Wells (Pilgrym) interprètent quelques passages de claviers, et Marek Arnold (Toxic Smile, United Progressive Fraternity, Seven Steps To The Green Door) apporte les errances sensuelles de son saxo soprano.
Sur les onze titres qui constituent cet opus, plus des trois-quart sont plus ou moins teintés de Canterbury. Certains de manière flagrante tels 'Lifeboats' ou 'Black Cat', et d'autres en mélange plus délayé comme 'A Seasonal Affair' ou l'épique 'Not In This Picture'. Si ce style 'so british' domine, certaines plages peuvent surprendre en prenant l'auditeur à contre-pied, telle 'Divergence' qui, avec son chant très Bowie sonne comme un vieux tube rock psyché des 80's.
Si l'on ajoute un 'Silver And Gold' sombre au chant grave évoquant Carptree ou un 'Stormland' qui semble inspiré par les brouillards nordiques d'Anekdoten, on a un assez bon aperçu du large spectre musical exploré par Argos. Que les compositions soient longues ou courtes, les interprètes prennent le temps de les agrémenter de quelques soli haut de gamme.
A l'instar de Big Big Train, Argos démontre avec brio qu'il est possible aujourd'hui de produire un rock progressif innovant. Avec ce quatrième album, le groupe allemand trouve sa place dans le peloton de tête des formations qui font évoluer intelligemment la musique.