Juste après sa collaboration avec Yuval Kramer (Amaseffer) au sein de Reign Of The Architect, le batteur mexicain Mauricio Bustamante s'est attelé à la création de Exxiles, une sorte de super-groupe de métal progressif/symphonique. "Oblivion" est le premier opus d'une trilogie conceptuelle sur le thème de la loyauté et de ses limites lorsque des intérêts personnels entrent en jeu.
Il y a du beau monde autour de Mauricio, à commencer par Mike LePond (Symphony X), Simon Rojas, Marcela Bovio (Stream Of Passion), Wilmer Waartroek (Ayreon) et d'anciens membres de groupes tels que Circus Maximus, Adagio, Trans Siberian Orchestra, etc ... Un line-up XXL au CV flatteur mais qui constitue un véritable groupe et pas seulement une réunion de têtes d'affiche pour un énième projet parallèle sans ambition à long terme.
La réunion de cette bande d'exilés (le nom du groupe n'est pas le fruit du hasard), tous issus des branches symphoniques et progressives du métal international, débouche fatalement sur une musique élaborée ('The Messenger', 'A Better Legacy'), punchy ('Entropy', 'Dictature Of Truth') et variée ('Awakening Part I'). L'influence de Yuval Kramer est présente tout au long des 11 titres au travers des arrangements symphoniques, des constructions complexes et de l'agressivité des riffs et rythmiques qui jalonnent l'album.
Tous les ingrédients de la réussite d'une telle fresque métal prog sont réunis, à commencer par la pertinence des compositions magistralement interprétées par les excellents instrumentistes et les différents chanteurs présents sur l'album. Difficile de dégager un titre au sein d'un tel concept album puisque l'ensemble est très homogène. Parmi les plus expressifs, notons 'Hopelessness', épique et percutant à l'image des bruits d'armes automatiques d'intro, relayées par des rafales de guitares. 'Introspective' retient également l'attention avec son riff pachydermique et ses nombreuses variations progressives. 'Lliorona' est une chanson traditionnelle mexicaine sublimée par la douce voix de Marcela Bovio. Enfin, 'Rise', final expiatoire et jubilatoire en forme d'ultime clin d'oeil au dernier ROTA dont il partage le titre.
Malgré quelques défauts de jeunesse comme une relative complexité de certaines mélodies ou des choix de placement vocal discutables, "Oblivion" est un premier album d'une grande qualité tant au niveau des compositions que de l'interprétation et des arrangements, servi par une production exemplaire. Il s'adresse aux amateurs de métal progressif et symphonique à la Symphony X ou Reign Of The Architect. Comme pour ces derniers, il demandera un peu de patience pour en apprécier les atours mais les aficionados en ont l'habitude. Mauricio Bustamante sait capter son auditoire et le tenir en haleine pour la suite que l'on attend déjà avec impatience et que l'on espère du même tonneau.