Troisième album pour Whyzdom et quatrième chanteuse, sans compter l'ex-Xandria, Lisa Middlehauve qui l'a dépannée sur scène en 2010. Espérons que la stabilité qu'on croyait acquise avec l'arrivée de Elvyne Lorient deux ans plus tard, le soit enfin désormais. L'avenir nous le dira.
Ces problèmes récurrents en terme de ressources humaines pourraient être fâcheux et grever l'inspiration du groupe. Or il n'en est rien, celui-ci poursuivant sa route à son rythme. De fait, en l'espace de quelques années, les Français ont imposé leur nom parmi les valeurs sûres du Metal symphonique. Et s'ils ne font pas encore de l'ombre aux ténors du genre, Nigthwish et Within Temptation en tête, force est de reconnaître qu'ils sont maintenant aux portes de la cour des grands. "Symphony For A Hopeless God" sera-t-il leur Sésame ?
Encore une fois, tout a été mis en œuvre pour cela. Production énorme, arrangements soignés, interprétation hors-pair ... On ne saurait émettre la moindre réserve à l'encontre d'un menu dont la teneur à nouveau pantagruélique (plus d'une heure de musique au compteur quand même) ne rime pourtant jamais avec ennui ni longueurs ou pompeuses boursouflures. Le sens de la mélodie accrocheuse intact, Whyzdom nous gratifie encore une fois d'excellentes compositions qui d'emblée font mouche.
Là réside d'ailleurs une de ses grandes forces, dans cette faculté à privilégier une écriture d'orfèvre aux enluminures symphoniques certes généreuses quoique toujours mises au service de chansons solidement charpentées, lesquelles déroulent une trame souvent étirée sans heureusement l'être trop. "Symphony For A Hopeless God" enchaîne les hymnes, les morceaux de bravoure. Onze titres, onze joyaux qui tous mériteraient d'être cités, de 'Theory Of Life' à 'Tears Of A Hopeless God', sombrement orchestral, de 'Don't Try To Blind Me' à 'Asylum Of Eden'.
Le groupe puise dans une palette souvent lourde ('Let's Play With Fire'), toujours noire et grave. Le recours à des growls participe en outre de cette dimension tragique. Ce qui nous amène à évoquer les lignes vocales de cet album et donc l'autre grande force de Whyzdom, sa capacité à découvrir à chaque fois des chanteuses aussi puissantes que talentueuses. Avec Marie Rouyer, dont on souhaite qu'elle ne la quittera pas de sitôt, la formation ne déroge pas à la règle, ayant déniché la perle rare, la pièce maîtresse qui manquait à son univers. La belle ne cesse d'impressionner tout du long, brillant d'un éclat envoûtant et dans tous les registres, n'ayant absolument rien à envier aux Castafiore plus renommées. Sans elle, ces compositions n'auraient tout simplement pas le même charme.
Maîtrisant parfaitement son propos, Whyzdom franchit avec "Symphony For A Hopeless God", une étape supplémentaire vers la perfection d'un art qui ne pardonne pas la médiocrité. Et toujours avec ce désenchantement plus personnel qu'il n'y paraît et qui le distingue des simples suiveurs.