Dagoba est de retour et tabasse tous azimuts, même si certains fâcheux reprochent au groupe de tourner en rond et de proposer un metal certes bien écrit mais qui se regarderait le nombril et resterait sur ses acquis.
Votre serviteur n'a que faire de ces arguments stériles ... n'est-ce pas le propre de tout groupe d'affirmer son identité au travers d'un style et de s'y tenir ? A-t-on jamais vu Iron Maiden faire autre choses que du Maiden, quand bien même il voulut élargir ses horizons sur "Brave New World"... alors pourquoi Dagoba devrait-il sans cesse évoluer, quitte à renier sa personnalité et vendre son âme au plus offrant ?
Balayons donc les critiques acerbes, le combo est bien là avec toute son énergie à revendre, son groove à dispenser et sa colère à transcender. Et, quitte à ne pas chambouler cette équipe gagnante, la formation s'est encore payé les talents de production de Logan Mader : le son est dès lors énorme, puissant et étouffant, la palme revenant certainement à la batterie dont la grosse caisse tombale et véloce est digne de Vanden Plas... très loin du death donc !
Tout commence par une petite introduction "estivale" à l'ambiance faussement calme ('Epilogue'), le synthétiseur et le rythme martial initient doucement à la plongée dans ce monde violent, baigné de sueur et de sang. C'est une petite sucrerie dans un monde de brutes, car la suite n’est pas là pour reposer les oreilles. Ainsi, sur un cri inhumain, la piste suivante entre thrash lourd et death explosif nous terrasse ; la batterie en est le point d'orgue, comme si tout était bâti autour d'elle. Les superpositions de grunt rageurs, de riffs complexes et de vocalises claires sont l'apanage de 'Sunset Curse' qui nous convie à une danse infernale dans une structure carrée. 'Half Damn Life' repose sur un rythme enlevé et direct, un schéma rodé pour un titre qui donne furieusement envie d'agiter sa masse capillaire. Le groupe sait toutefois ralentir le tempo, proposer des moments suspendus gorgés de mélodies imparables, suivis de sursauts épileptiques aux explosions rythmiques hargneuses ('Elipsed')... Après une introduction étouffante, 'Sorcery' renoue avec un rythme qui martèle les cages à miel et terrasse l'intellect ... on apprécie particulièrement le jeu de double pédale à la limite du speed, dont les motifs rythmiques sont parsemés avec art. Enfin, 'O, Inverted World' est illuminé par une introduction émouvante et gracieuse qui fait naître un petit frisson.
Bien entendu la guitare est omniprésente et guide le discours musical. Elle l'est à égalité avec la batterie au son ample et puissant. Les cavalcades jouent avec les contrastes, entre lenteur appuyée et rythmiques épuisantes. La six-cordes expose non seulement une multitude de rythmes au groove imparable, mais sait imposer des moments aériens et des harmonies dépouillées. Quant à la voix, elle navigue entre versant éraillé et interventions charmeuses.
"Tales Of The Black Dawn" est donc un changement dans la continuité, construit sur des structures certes éprouvées et des éléments ultra-connus, mais aussi des intentions nouvelles et plus actuelles qui cajolent l'oreille du chaland. On apprécie donc sans modération cette musique ultra énergique. Au diable alors, les mauvais coucheurs qui ne jurent que par la remise en question et les expérimentations, le combo propose un album puissant qui comblera tout amateur de poisse, et qui saura maintenir un intérêt constant tout au long d'un voyage sombre et éprouvant.