La violence musicale a-t-elle des limites ? On pencherait à répondre positivement à cette question, en ce milieu des années 80, avec l’avènement du thrash et notamment de Slayer et de Metallica. Et pourtant, les barrières de la puissance métallique vont être encore repoussées, et très rapidement. Sous l’impulsion de Chuck Schulinder, Mantas voit le jour en 1983 avant de prendre le nom de Death dès 1984.

Après de nombreuses démos, Chuck parvient enfin à sortir son premier album, "Scream Bloody Gore", qui d’ailleurs fut enregistré deux fois sous la pression du label. Le disque constitué en grande partie de titres de démos est un pilier du métal, et le premier disque de death métal de l’histoire pour nombre d’amateurs.

Le terme de death métal se comprend facilement à l’écoute : Death est primitif, sale et ultra agressif. Sortis de l’esprit d’un Chuck qui chante, joue de la guitare et de la basse, ces 10 titres refondent l’idée même de la violence musicale dans le métal. De plus, les thèmes de Death sont gore et violents, mettant les zombies, la mort et le sang à l’honneur. Tout cela nous donne un disque qui n’a pas pris une ride même près de 30 ans après sa conception. Le chant de Chuck frappe particulièrement les esprits tant il éructe et beugle sa colère et sa violence, rejetant ses contemporains chanteurs loin derrière lui. Musicalement, l’ensemble est aussi sans pitié, ça va très vite, très fort, Chuck distille riffs et soli à une vitesse folle avec une précision chirurgicale qui laisse pantois.

De tout cela ressortent déjà quelques classiques comme ‘Infernal Death’ et ses riffs d’enfer ou le standard ‘Zombie Ritual’, véritable carte de visite du death métal dans toute sa splendeur, son solo final incroyable en étant un beau témoignage. Le reste de l’album ne rougit pas en comparaison et frappe fort et méchamment. ‘Denial Of Life’ est d’une brutalité intense tandis que ‘Mutilation’, ‘Baptized In Blood’ et ‘Scream Bloody Gore’montrent une sauvagerie jouissive et sans pitié.

Avec "Scream Bloody Gore", Chuck Schulinder a ouvert grand les portes de l’enfer et tracé le chemin pour nombre de formations. Certes, plus tard, Death fera mieux, plus technique et maitrisé, mais ce premier album avec sa face primitive possède une aura à nulle autre égale et nous entraine dans un tourbillon de violence d’une rare intensité.