Six
ans après "Presto" et trois après "Roll The Bones", Rush poursuit
sa phase de retour aux guitares et d'éloignement des claviers avec la
sortie en 1993 de "Counterparts" dont la pochette semble vouloir nous
confirmer que le trio va resserrer les boulons.
Effectivement,
à l'écoute de ce quinzième opus des Canadiens on constate avec
évidence la présence de certaines rugosités qui avaient disparu
depuis bien longtemps. 'Stick It Out' et 'Cut To The Chase', tout comme 'Double Agent' sont là pour en témoigner. Cependant, contrairement à
ce qui a pu parfois être avancé, "Counterparts" n'est pas un album de
retour aux sons roots des 70's.
En
fait, il est simplement la continuité des deux opus qui
l'ont précédé et ce pour plusieurs raisons.
La première est que
les synthétiseurs sont toujours présents. Ils ne sont
certes plus centraux et ils ne font qu’accompagner, mais ce n'est pas pour
autant qu'ils ont été remisés au placard. La deuxième est que les
influences Pop sont toujours de mise. Tous les morceaux ne sont pas
ainsi teintés, mais ils sont nombreux à sonner très
radio friendly, même si on peut désormais plus parler ici
d'influence Pop que de réelle volonté de sonner Pop comme dans les
80's, où Rush a pu parfois se rapprocher de phrasés rythmiques à la
Police ("Grace Under Pressure"). La troisième raison est que le tout groove
toujours autant.
En
fait, la seule différence avec "Presto" et "Roll The Bones" est que
certaines nouvelles influences se font entendre sur ce "Counterparts",
celles de l'Alternative Rock. C'est l’époque qui veut cela, et comme
Rush a toujours su évoluer avec les modes - tout en restant fidèle
à ses sonorités si caractéristiques -, ce n'est finalement pas
étonnant.
Parmi les particularités attachées à cet opus, on notera qu'il contient un instrumental ('Leave That Thing Alone'), voilà qui
faisait bien longtemps, et que celui-ci s'est fait griller aux States
un Grammy Awards – dans la catégorie « Best Rock
Perfomance » par le 'Marooned' de Pink Floyd ("The Division Bell"). Par ailleurs cet album a été celui que Rush a le mieux classé
dans les Charts puisqu'il y tint la deuxième position au Bilboard 200.
Voilà
donc une fois de plus une intéressante production des Canadiens,
certainement un ton en-dessous de ses deux prédécesseurs, mais
qu’importe finalement, quand Rush ne sort qu'un bon album, il
s'agit tout de même d'un plaisir auditif indéniable.