Jamais encore Slayer n’avait attendu aussi longtemps pour proposer un nouvel album. Le groupe aime prendre son temps mais a aussi surtout été confronté à de nombreuses épreuves dont la principale, la mort de son emblématique guitariste Jeff Hanneman en Mai 2013. S’y est ajouté la brouille avec Dave Lombardo, remplacé à nouveau par Paul Bostaph puis la rupture avec le mentor Rick Rubin et le label American.
Pas mal de formations auraient jeté l’éponge devant une telle adversité. Mais Slayer n’est pas du genre à renoncer si facilement. Onzième album du groupe, "Repentless" est surtout le bébé d’un Kerry King que rien ne semble pouvoir arrêter. Avec ses derniers disques, Slayer avait surpris et divisé ses fans et peinait à retrouver l’énergie de ses années de légende. "Repentless" se compose de douze titres et il est attendu avec un mélange de curiosité - surtout concernant la prestation de Gary Holt - et de scepticisme, le dernier grand disque de Slayer remontant quand même à plus de 20 ans.
D’entrée le groupe nous prend à la gorge, après une intro, ‘Delusions Of Saviour’, glauque à souhait, Slayer frappe fort avec ‘Repentless’. D’une puissance phénoménale ce morceau est une déclaration de guerre thrash chantée avec conviction par Tom Araya. Après cet uppercut on découvre un ensemble classique dans le style de composition du groupe. Mais en allant droit au but, King évite certaines erreurs du passé. Et on se prend au jeu à l’écoute de cet album. Musicalement Holt fait le taf et se cale bien dans les pas de Hanneman tandis que Bostaph en bon connaisseur de la boutique fait du bon travail. Et surtout vocalement Araya s’offre une seconde jeunesse en s’arrachant la voix de fort belle manière.
On y distingue de bonnes chansons rapides et agressives et qui font plaisir à entendre comme ‘Atrocity Vendor’, ‘Implode’ ou encore ‘Take Control’ et son refrain très fort. Le disque propose aussi des titres plus lourds et écrasants comme ‘Cast The First Stone’, embelli par d’excellents soli, ainsi que 'When The Stilness Comes'. Cette dernière penche par son côté plus lent vers ‘South Of Heaven’ avec une belle accélération finale qui aurait mérité de durer plus longtemps. Puis entre les deux styles, ‘You Against You’ se distingue particulièrement, la chanson est rapide et puissante, elle propose un refrain fédérateur et d’autres très bons soli. Enfin on évoquera ‘Piano Wire’, écrite par Hanneman et typique de son style d’écriture avec ce petit côté glauque et rapide qui faisait la force des titres écrits par le guitariste.
Certes ‘Repentless’ a quelques petits défauts et des chansons moins fortes que d’autres. Mais sans être au niveau d’un ‘Reign In Blood’ il fait plaisir à écouter et prouve que Slayer peut encore se faire violence et qu’il n’est pas encore prêt à être mis à la retraite.