Voici donc ce fameux Opera Rock annoncé par le clavier des Flower Kings. Dans la grande galaxie des side-projects de ce groupe, avouons que rares sont les déceptions et j'avoue personnellement que j'espérais de monsieur Bodin un retour à des compositions plus en rapport avec ce qu'il sait si bien faire au sein du roi des fleurs. Alors, cet opéra ? Bide monstrueux ou nouvelle perle à la "The Wall" ?
3 morceaux composent cet album et lui donnent son titre : "I", "A" et "M". Et la première surprise vient du line-up : si les Flower Kings sont une grande famille ou chacun participe gaiement aux side-projects des petits copains, Tomas Bodin n'a retenu ici que son pote bassiste et quelle n'a pas été ma surprise de constater en particulier l'absence du grand gourou Roine Stolt derrière la 6 cordes. Ceci dit, Jocke Jj Marsh, déjà présent sur Sonic Boulevard, s'en tire très bien, là n'est pas la question, mais après l'éviction de Zoltan Csörsz pour motif purement musicaux si l'on en croit la version officielle, on se prend à souhaiter que tout cela n'augure pas des dissenssions internes au sein du groupe.
Outre ces aspects "politiques", revenons à la musique pour constater que l'essai est magistralement réussi, même si l'on reprochera à "I" un niveau général moins intéressant que les deux autres morceaux. Ceux d'entre nous qui ont aimé le premier opus de Tomas Bodin et qui regrettent un peu la direction prise avec Pinup Guru et Sonic Boulevard pourront ici se trouver rassurés. En effet, cet album sonne le grand retour aux sources avec trois morceaux tous dans la veine du fantastique "Three Stories" qui clôturait le "An Ordinary Night In My Ordinary Life".
L'ensemble de "I AM" reste une subtile alternance entre des passages intimistes et reposants et des idées lumineuses, à l'image de ce riff lourd sur lequel se calque le chant "plaintif" d'Anders Jansson au début de "A". De même, on redemande de ces longs accompagnements jazzy sur lesquels Bodin montre ses talents de soliste et qui montent en puissance progressivement, tout comme cette ligne blues de basse soutenant un solo de guitare percutant et les vocalises d'Helene Schönning.
Avec "I AM", le clavier des Flower Kings vous fera parcourir toute la gamme des émotions que vous pouvez ressentir habituellement, sans oublier des passages purement "progressifs".
Alors, cet "I AM", album sans défaut, nouvel album culte ?
Certainement pas car on relèvera un défaut de taille ici : la redite, voire le plagiat. Les inspirations de Tomas Bodin sont clairement à rechercher dans des groupes tels Yes et Pink Floyd. Mais il arrive parfois que l'élève imite de trop près son maître et c'est ici le cas de façon flagrante : les vocalises d'Helene Schönning rappellent trop un certain "Dark Side Of The Moon" tandis que le chant et le jeu de guitare dans les premières minutes de "M" semblent tirées de "The Wall".
Cet album est beau, là n'est pas la question. Maintenant, est-il honnête intellectuellement ? Rien n'est moins sûr. C'est donc à vous de voir si ce dernier point est de nature à vous rebuter ou non.