En pause momentanée de son Life Line Project et pour se changer les idées dans une période pas très heureuse sur un plan privé, Erik de Beerressuscite en cette année 2014 son projet des années 80, Zoundworks, sous le nom duquel il nous propose un véritable album solo, accompagné seulement de deux chanteuses, dont Ankie Jansen déjà présente sur les démos publiées dans les 80's.
Majoritairement instrumental, "2014" propose quelques nouvelles compositions, accompagnées de titres plus anciens réinterprétés dans de nouvelles versions. Ce qui ne change pas en revanche, c'est l'univers sonore d'Erik de Beer : que ce soit en solo ou avec Life Line Project, l'artiste reste solidement ancré dans ses sonorités vintage, refusant toujours et encore de succomber à l'ère numérique, donnant son habituel cachet un tantinet désuet mais oh combien attachant à sa musique. Et si, sur ce point, une première écoute distraite peut donner une impression d'uniformité aussi bien dans le choix des sonorités de clavier que des guitares, une oreille attentive ressentira très rapidement toutes les variations présentées par les différents instruments proposés par Erik de Beer, la basse chantante à souhait donnant une rondeur magnifique à l'ensemble.
Du côté des compositions, le sous-titre de l'album résume à lui seul l'ambiance voulue par le compositeur/interprète : "Zoundworks is about having fun making music". En clair, pas de contrainte, juste une imagination qui entraîne l'auditeur dans des thèmes simples sans être simplistes, dont la variété doit autant à leur accompagnement débridé qu'à un assemblage qui donne une belle unité à une collection de titres dont l'enchaînement semble très naturel.
L'habitué des productions de Life Line Project retrouvera sans surprise l'univers du groupe phare d'Erik de Beer, mais, après un premier titre aux allures de musique de film ('First Flight'), verra également quelques incursions du côté de Genesis par la grâce d'une 6 cordes acoustique et de la flûte ('Prelude to the Future' ou 'Stressless'), mais aussi de Mike Oldfield lorsque la guitare du maestro commence à saturer ('Cantata'). Bien entendu, la patte du musicien classique reste toujours présente dans la construction des différents morceaux, ainsi que dans les accompagnements des différentes mélodies, même si pour ma part j'émets une petite réserve au niveau de certaines parties de guitare doublées à la tierce, choix harmonique que je trouve très irritant (mais ceci n'engage que moi).
Les trois titres chantés (quoique 'Cantata' confine plutôt aux vocalises !) affichent également un caractère faussement naïf, le traitement de la voix restant là encore très vintage, voire même un peu trop, et c'est peut-être le seul reproche que j'aurais à formuler sur cet album, véritable récréation tant pour son auteur que pour ses auditeurs.
Comme lors de chaque production d'Erik de Beer, l'auditeur néophyte de cet univers aux contours passéistes devra franchir le cap d'un rendu vintage assumé. Mais au-delà de cette forme qui peut dérouter, la qualité de la musique proposée vient très vite imposer sa marque pour délivrer de nouveaux instants de bonheur musical.