Livhzuena est jeune formation qui fait exploser son premier album "Dark Mirror Neurons", sorte de magma vibratoire à mi-chemin entre Meshuggah, Metallica ou Slayer. Le combo nous tisse avec classe un tableau de violence, de puissance et de technique dans la lignée de Textures et s'éloigne ainsi du bon vieux death des familles, glauque et malsain. L'épaisseur de la production flatte l'oreille, les sonorités bâtissent un mille-feuilles sinistre aux couches suffocantes, comme si le groupe voulait d'entrée nous terrasser.
La guitare tabasse les ouïes de riffs simples ou plus techniques, jouant sur des mesures impaires. Quelques phrases mélodiques viennent néanmoins sublimer les compositions. La batterie lourde crée une multitude de variations pour que jamais le discours ne s'enlise. Quant à la voix, elle se joue des étiquettes : dans des compositions résolument death, elle s'habille d'intonations thrash dignes de Slayer et éructe des vomissures venues d'autres contrées.
Le périple débute par 'Mars' au rythme épileptique qui donne envie de headbanger ou de se déhancher au rythme de ces vibrations grasses. Après quelques morceaux de la même épaisseur, 'Quantic Quake Monster' délivre un riff d'introduction vraiment bien construit et des variations multiples. Le groupe semble alors vouloir apaiser le tempo d'un passage presque post rock prolongé par un riff très carré. 'Void' propose un passage en voix claire appuyé par des doubles croches de grosse caisse qui clouent l'auditeur au pilori. Enfin, le morceau titre débute en douceur, puis se mue en hymne puissant, qui se termine par un tempo ralenti presque doom que le groupe semble vouloir prolonger à l'extrême.
"Dark Mirror Neurons" est une pièce étouffante et éprouvante, une galette à mi-chemin entre Meshuggah, Textures, Slayer, ou Omnium Gatherum. L'univers noir dépeint est effrayant et glauque, comme une projection dans un abîme insondable de saleté, de violence et de technicité. Envolée morbide, jouissive et percutante, saupoudrée d'influences thrash, l'album plaira autant aux amateurs de rythmes échevelés que de constructions à tiroirs ou de musicalité judicieusement parsemée.