Sans forcément aller jusqu’à dire que cette première offrande longue durée des Italiens était attendue comme le messie, il n’en demeure pas moins que nombreux sont ceux qui alors n’en pouvaient plus de patienter. Car l'EP éponyme publié deux ans plus tôt nous avait mis en appétit.
L’attente était grande donc, d’autant plus que la formation par qui tout avait commencé, The Gathering, entamait alors sa mue, la voyant s’éloigner des rivages du Gothic metal pour accoster les terres d’un métal atmosphérique encore plus beau (mais cela est une autre histoire). Le trône vient de se libérer et Lacuna Coil apparaît à ce moment là comme le plus sérieux prétendant pour désormais l’occuper, comme l’illustre "In A Reverie", édité par Century Media (label des Hollandais) et produit par Waldemar Sorychta (qui a travaillé sur le matriciel "Mandylion").
La grande force du groupe transalpin demeure sa capacité à graver des chansons toutes imparables, courtes et efficaces, hymnes instantanés à même d’être repris en chœur durant les festivals agglomérant des chevelus par milliers, pour qui la séduisante Cristina est alors la nouvelle metal queen. De 'The Circle' au puissant 'Cold', illuminé par le chant presque désespéré de la belle, de l’énergique 'My Wings' au superbe 'To My Self I Turned', d’où s’échappent des vibrations d’une grande tristesse, l’inspiration ne faiblit à aucun moment, emportée par un souffle d’émotions ('Veins Of Glass', surtout), dont le vecteur reste cette voix féminine absolument irrésistible.
Et tant pis si le chant masculin arrime trop la musique de Lacuna Coil à celle de sa principale influence, Paradise Lost, pour le moins évidente sur les néanmoins excellents 'Reverie', dont les riffs semblent évadés de "Icon", ou 'Honeymoon Suite', c’est suffisamment bien fait pour emporter l’adhésion. Alors certes, "In A Reverie" ne possède ni la dimension presque mythologique de "Mandylion", ni la puissance émotionnelle et atmosphérique de "Nighttime Birds" de The Gathering, la faute sans doute à des compositions moins élaborées et aux lignes vocales d'Andrea qui tendent à affadir la beauté apportée par l’organe de la jeune femme. Il s’impose malgré tout comme un très bon cru, à la hauteur des espoirs que sa mise en bouche avait suscité.