Dix-huit titres pour plus de 97 minutes de musique ! Neal Schon aurait-il trouvé la source de l'élixir de jouvence ? A moins que cela ne soit son retour dans la bande à Santana qui lui ait rappelé sa jeunesse. "So U", son précédent album solo ne date pourtant que d'un an. Et si ce dernier était plus posé et orienté classic rock, "Vortex", avec sa double galette et son titre on ne peut plus évocateur semble bien vouloir botter quelques culs !
Pour le soutenir dans ce marathon, Igor Len (célèbre compositeur russe et déjà aux cotés de Schon en 1996) est venu lui prêter main forte aux claviers alors que c'est un ancien compagnon de Journey (Steve Smith) qui abat un superbe boulot derrière son kit de batterie.
Et une fois encore, Neal Schon va où il l'entend dans ce nouvel album. Le mixage, dynamique et clair, révèle un vrai travail de professionnel et laisse place à chaque instrument. Les titres, trop longs (11 minutes) ou trop courts (moins de 2) sont tous 100% instrumentaux et ne cherchent pas le format radio. C'est bien la guitare qui est mise en avant tout au long de ces deux sets dédiés à tous les fans de guitare et d'élucubrations instrumentales (attention nous n'avons pas dit masturbation, les amis de Malmsteen sont priés de quitter la salle). Ainsi tout fan d'un Steve Stevens, d'un Lukather, parfois d'un Satriani ou du travail en solo de Derek Sherinian devrait s'y retrouver.
Et puisque l'on parle de titres longs, c'est 'Miles Beyond', l'opener, qui décroche la timbale. Sur une rythmique Blues Deluxe qui évoque les Fab Four, c'est tout en velours et lumière que s'ouvre le spectacle. Quelle claque ! Voilà définitivement l'un des joyaux de cet album, un titre qui progresse dans le sens premier du terme. Le suivant 'Awekening' devrait d'ailleurs faire plaisir au guitariste de Toto tant l'esprit rock fusion de ce dernier est présent ici : riffs torturés, orgie de notes, énergie contagieuse et breaks acoustiques salutaires, la formation ne se ménage pas et nous en met plein la vue !
Le syncopé 'Cuban Fly Zone' et le moderne 'Lady M' (quand la basse suit son propre chemin) avec leur esprit Hard Rock à la Satriani (et sur lequel Steve Smith rappelle qu'il ne se contente pas de secouer ses baguettes sur des slows pour minettes), la discrète perle 'El Matador' qu'a pu lui inspirer son retour chez Santana ou encore la ballade 'Eternal Love' riche en claviers dramatiques assomment l'auditeur qui comprend vite qu'ici Neal Schon se fait plaisir et pis c'est tout !
Le deuxième album, loin de contenir une sorte de compilation de titres bonus ou de seconde main, va voir le groupe maintenir le niveau et nous réserver plus de surprises encore comme la promenade métallique 'Tortured Souls' (autre pavé de 10 minutes en ouverture), le furieux 'NS Vortex' ou le duo guitare/clavier 'Schon & Hammer Now' qu'il partage avec son pote Jan et dont l'ensemble nous rapproche forcément d'un Jeff Beck doté d'une rythmique plus moderne.
Alors oui, parfois, nous frôlons l'overdose comme sur un 'In A Cloud' un tantinet nombriliste et daté, le sombre 'Twilight Spellbound' et ses spoken words mal exploités ou un 'Triumph Of Love' qui semble être partagé avec André Rieu, mais les petits plaisirs non coupables comme cette touche acoustique d' 'Irish Cream', 'Unspocken Faith' ou encore 'White Light' viennent équilibrer l'ensemble avec malice.
Si un album n'aurait pas suffi à contenir les meilleurs titres, ce double opus qui semble vouloir exploiter chaque idée du maître est peut-être un peu trop rempli, au risque d'en décourager certains qui pourraient croire, d'ailleurs, que Neal Schon se contente de reprendre (avec certes beaucoup de talent) des recettes inventées pas d'autres. Mais le fait est que le guitariste qui a toujours eu un faible pour ce rock fusion et très mature prouve avec "Vortex" qu'il reste un maître en la matière.
Un p'tit café pour pousser tout ça ?