Harmorage, pour l'amour du groove...
Imaginez un groupe à mi-chemin entre Iron Maiden et Mass Hysteria. Le second pour le contexte politico-social, les textes engagés et les rythmes actuels qui flirtent avec le metal core ; le premier pour les cavalcades échevelées, les interventions solistes d'anthologie et la basse qui frappe comme une dingue. Harmorage pioche des éléments de-ci de-là : un peu de thrash, un peu de core, quelques pointes d'indus' et une grosse lampée de heavy pour napper le tout. La galette nous roue de coups, de ceux qui laissent des traces profondes dans le corps et dans l'âme. Car cette musique est comme un miroir de l'âme, elle met en lumière les failles de la société et dénonce les fractures comme les Bérus ou les Garçons Bouchers en leur temps.
La guitare, maîtresse en ces lieux, mène la danse et construit des architectures rythmiques groovy, insufflant l'envie de faire bouger non seulement les corps, mais aussi les consciences, livrant en solitaire des salves mélodiques dans la lignée des maîtres du heavy. La batterie percute de plein fouet et nous retourne comme une crêpe. La basse au son claquant frappe comme celle d'un certain Steve Harris, apportant une vraie énergie même si ses interventions restent simples. Quant à la voix, elle officie dans un registre éraillé, proche de Mass Hysteria, mais sait aussi apaiser le jeu et délivrer des intonations presque mélodiques.
'Réveillons Nous !' débute paisiblement par une mise en scène tribale, un didgeridoo se détachant de cette montée sonore en puissance. Déboule alors une guitare hargneuse et la voix enragée qui débite un discours social propre à réveiller les masses. L'intervention solitaire d'un bon niveau de la six-cordes habillée de wah-wah a un son chaud et épais. Le morceau-titre avec sa rythmique rentre-dedans est plus violent, on sent la tension monter d'un cran et le groupe imposer alors une ambiance contestataire. 'Je Condamne et J'accuse' crache son dépit sous forme d'un constat désabusé dans lequel le chanteur, avec une mise en place impeccable, étale ses préoccupations sociales, politiques et philosophiques. Le solo nerveux de guitare ferait presque de l'ombre à Slayer par sa vélocité et son mordant. 'Aurore Boréale' joue la carte de l'apaisement, presque dansant, presque blues, même si le discours ne mollit pas. Enfin 'Mon Anarchie' nous replonge à l'époque des Garçons Bouchers avec des intonations proches de celles de François Hadji-Lazaro,.
'Psychico Corrosif" est un disque nerveux, un genre de "punk metal thrash" contemporain aux préoccupations sociales constantes, sur lequel l'ombre des Mass Hysteria plane largement. Parfois la musique fait office de libération et d'illumination sociale plus que d'exutoire ou de remède à la mélancolie, c'est le cas avec Harmorage. Un grand disque à mettre entre toutes les oreilles.