Attention à ne pas confondre le Sideburn dont il est question ici, et qui est originaire de Suède, et le Sideburn originaire de Suisse, ces derniers pratiquant un Hard Rock classique. Ici le propos est bien plus lourd, et c’est plutôt l’étendard du doom que brandit le groupe. Il n'y a qu'a écouter 'The Day The Sun Dies' pour s'en convaincre. Ce titre est d’une pesanteur et d’une indolence qui s’étale sur plus de 8 minutes, pour s’achever dans un final hypnotique du meilleur effet. Car il faut reconnaitre que si Sideburn ne propose que sept titres dans ce qui est son cinquième album, ceux-ci font durer le plaisir en affichant une durée moyenne de plus de 6 minutes.
Mais toute crainte de monotonie est ici infondée, tant le groupe parvient habilement à éviter toute sensation de lassitude en se montrant talentueux et inspiré. Tout au plus pourrait-on convenir qu’une ou deux compositions auraient mérité d’être un peu plus percutantes et peaufinées. C’est notamment le cas de 'Presence' qui aurait gagné à être un peu plus structurée. Mais pour le reste, l’alliance d’un son de très bonne facture et d’ambiances particulièrement bien travaillées permet à ce "Evil And Divine" de se positionner comme un excellent disque de doom atmosphérique, empreint d’influences heavy qui renvoient aux débuts de Judas Priest et d’Iron Maiden.
On peut ajouter à cela le fait que "Evil And Divine" est un album qui se révèle d'une grande richesse et variété, en alternant les morceaux très lents et les titres plus heavy à l’image de 'Masters And Slaves' ou bien 'The Seer'. Le groupe s’autorise même une petite incursion sur les terres de Led Zeppelin avec 'When Darkness Calls' dont l’intro à la basse évoque furieusement le 'Dazed and Confused' du Dirigeable. Le point d’orgue de cet album étant le déjà mentionné 'The Day The Sun Dies' qui étire délicieusement ses ambiances sabbathiennes dans ce morceau-fleuve qui ne souffre à aucun moment de sa durée.
Le chant puissant de Dimitri Keiski s’adapte très bien aux différentes ambiances qui animent "Evil And Divine". On pourrait certes lui reprocher un léger manque d’originalité, mais également lui faire crédit du fait que sa voix ne risque pas de crisper qui que ce soit. Le groupe est tout autant tiré vers le haut par des parties de guitares qui se montrent souvent particulièrement jouissives ('Masters And Slaves', 'The Day The Sun Dies'…).
Dans un style qui, du fait d’un caractère parfois un peu trop monolithique, peine souvent à susciter une adhésion totale, cet album de Sideburn est hautement recommandable. Son niveau de qualité et son large spectre d’ambiances le dotent des qualités propres à lui attirer les grâces d’un large public allant du rock au doom, en passant par le heavy et rock sudiste. Un groupe à suivre de près.