Sunchild est le poupon du musicien ukrainien Antony Kalugin. Le groupe a déjà réalisé trois albums marqués par son inspiration pour le rock progressif old school, mais peinait à trouver une véritable identité. Est-ce que "Synesthesia" permettra au Fils du Soleil de trouver enfin la consécration ?
A l'instar d'Arjen Lucassen avec Ayreon, Antony Kalugin est le seul maître à bord du groupe. Compositeur, guitariste, il s'est toujours entouré d'une équipe rarement stable. Seuls sont conservés à la guitare électrique et acoustique, Andrey Kobylyanskiy et Sergey Balalayev aux percussions. Contrairement aux albums précédents, les voix féminines sont en retrait au profit de John Sleeper. Sa voix rappelle celle d'Andy Latimer avec des intonations plus graves. Dès la première piste éponyme, l'artillerie est déployée et les secousses laissent présager d'une réussite, avec un riff de guitare bien calé sur les refrains et une batterie aux anges. Malheureusement la suite ne sera pas placée sous le même signe de la réussite. Le chant de John Sleeper manque cruellement de panache et de conviction. Sur 'The Chosen One', malgré sa partition lumineuse de piano et autres claviers, le passage chanté prend des tournures artificielles (surtout dans la partie parlée), et le même constat s'observe sur le très lisse 'Outer Space'. Ce chant dessert totalement les tentatives originales comme 'You're Near 'ou 'Breath' dont le charme atmosphérique est rompu. Le chant n'est pas la seule ombre au tableau. Les partitions répétitives n'ont plus rien de progressives et s'étirent à tire-larigot sans âme ('Follow Your Heart', qui débute en ambient) avant de se perdre en route, dans une optique qui rappelle cruellement les albums précédents.
Pourtant l'album décolle par certains moments avec les parties instrumentales comme sur ce petit bijou qu'est 'V'uga (Blizzard)' grâce à une partition nerveuse de piano ouvrant sur un crescendo assez remarquable. 'The Reason Why', qui lui est enchaîné, affiche des intentions pop réussies notamment grâce à la voix plus chargée émotionnellement du chanteur québécois Sylvain Auclair (très remarqué au sein de Karcius ou Heaven's Cry). Les différents 'Space Out' découpés en trois parties possèdent également un cachet sympathique, sans pour autant rivaliser avec le sommet de l'album.
Sans faire de mauvais jeu de mot, Sunchild est un groupe qui n'arrive pas à progresser au fil des albums, malgré toute la sympathie et le courage de son leader. "Synesthesia", à l'exception de quelques moments, n'a pas su conserver la fraîcheur de l'inédit et ne permettra pas au groupe de se démarquer.