Tim Bowness (No-Man, Memories Of Machines) semble avoir pris goût aux albums solo puisque le voilà de retour, un an à peine après "Abandoned Dancehall Dreams", avec son troisième opus, "Stupid Things That Mean The World", qu'il décrit comme la seconde partie d'un chapitre ouvert avec l'album précédent.
Une telle déclaration prépare l'auditeur à découvrir une œuvre dans la continuité de la précédente, sachant que celle-ci pouvait elle-même être vue comme un prolongement des productions de No-Man et Memories Of Machines, de même que les dessins épurés aux couleurs pastel de la pochette renvoient à ceux fort similaires de "Abandoned Dancehall Dreams".
Même stabilité/fidélité côté line-up. Tim Bowness s'entoure des mêmes compagnons que ceux présents sur l'album précédent, à peu de choses près. On retrouve les comparses de tournées de No-Man (Stephen Bennett, Michael Bearpark, Andrew Booker), des invités prestigieux récurrents (Colin Edwin, Pat Mastelotto, Anna Phoebe, Andrew Keeling) auxquels viennent s'adjoindre quelques petits nouveaux et non des moindres : Peter Hammill, Phil Manzarena, Rhys Marsh et David Rhodes sont aussi de la fête.
Beaucoup de beau monde donc, et pas d'inquiétude à avoir sur la qualité : ça joue juste et bien. Néanmoins, il est bien difficile de reconnaître les interventions des uns et des autres, n'espérez donc pas ajouter un titre supplémentaire de votre artiste favori à votre collection, il y a peu de chance que vous le distinguiez de la masse.
Pas non plus de changement radical à attendre des mélodies ou de l'interprétation. Ceux qui ont apprécié "Abandoned Dancehall Dreams" et qui aiment le rock atmosphérique en général ne seront pas déçus. Les autres ne seront pas convertis. On retrouve des mélodies au tempo généralement lent, un chant mélancolique mezzo voce ne se laissant aller qu'à de sporadiques et maîtrisées poussées de fièvre, un format couplet/refrain classique, tout l'intérêt venant des atmosphères qui se dégagent de ces titres nostalgiques et du travail délicat des multiples pistes instrumentales qui s'enchevêtrent ou se superposent, les guitares en constituant l'essentiel dans de savoureux numéros de dentellière.
Parfois ça marche, parfois pas ! Au titre des réussites, 'The Great Electric Teenage Dream' constitue une excellente entame, envoûtante, inquiétante, où l'on ressent une tension et une frustration bien exprimées par un beau crescendo. 'Sing To Me' et son violon tzigane et 'Where You've Always Been' poursuivent dans un registre délicat tout en nuances alors que le titre éponyme de l'album surprend par son rythme funky, sa basse chaloupée et son chant à la Robbie Williams. Les choses se gâtent avec les trois titres suivants, pas franchement mauvais, mais trop lisses et répétitifs pour éviter l'ennui. Heureusement, les quatre titres fermant la marche réveillent l'intérêt de l'auditeur, retrouvant une diversité dans la linéarité et une richesse dans les textures telles qu'en début d'album.
Au final, et malgré son petit coup de mou central, "Stupid Things That Mean The World" est un album bien agréable pour qui aime le rock atmosphérique, introspectif et confidentiel. Comme pour tous les disques de ce genre musical, une écoute au casque est recommandée pour en apprécier toutes les subtilités.