Kill Me This Monday est un jeune groupe originaire de Dunkerque. Après 4 ans d'existence et un EP en 2013, ils sont signés par Klonosphere et sortent leur premier album éponyme qui mélange grunge, punk et métal et assume des influences comme Nirvana, Thrice ou Deftones.

Peu importe l'étiquette, KMTM fait du rock, et le plaisir qu'ils y mettent se veut communicatif. Tout comme  l'énergie qui se dégage de leur album. Les thèmes sont majoritairement simples et efficaces, faits de riffs acérés, soutenus par une section rythmique brute et énergique. L'esprit est résolument rock, sans fioritures et 'Gravity' ou 'Copycat Conspiracy' témoignent de cette énergie très rentre-dedans. D'une manière générale, il ressort une grande authenticité des compositions, le groupe revendiquant "écrire à l'inspiration, sans règle précise".

Les guitares de Thomas Ryckewaert (soliste) et Alex Blijkers (rythmique) se taillent la part du lion avec une certaine agressivité toute en retenue témoignant d'une écriture à fleur de peau qui véhicule des émotions sombres comme sur 'Like A Porn Movie' ou sur l'énergique 'War'. Mais les Nordistes savent également ralentir le rythme pour créer des ambiances plus feutrées, toujours avec la même noirceur. Ainsi l'atmosphère est plus profonde sur 'Broken By The Tide' dans un esprit typé post-rock. Le bassiste, Stéphane Bugnon, contribue à la qualité des compos grâce à un son très "Toolien", particulièrement sur 'Crying For Help' ou sur la très réussie 'Ashab' et son break superbe.

La voix d'Alex Blijkers contribue elle aussi au climat chargé de l'album. Il la module au gré des ambiances tantôt en voix claire d'un ton haut perché assez monocorde, tantôt en hurlant, laissant l'énergie déborder encore un peu plus des morceaux les plus pêchus. Il est d'ailleurs plus convaincant dans ces passages hurlés où son organe devient un peu plus expressif. Mais sur 'As Definitie', il propose une autre facette de son talent, dans un registre beaucoup plus doux sur les couplets, avec un timbre écorché rappelant la voix de Lars Carlberg de Bokor. Ces passages tout en finesse, tranchent radicalement avec les screamos des refrains insufflant au morceau une dimension émotionnelle qui constitue le sommet de l'album.

Malgré des défauts de jeunesse et un relatif essoufflement de l'inspiration au milieu de l'album, KMTM nous offre une production plus que correcte qui trouvera son public chez les amateurs de métal alternatif avides de nouveautés rafraichissantes. Les quatre dunkerquois affichent un potentiel intéressant qu'ils devront exploiter encore plus à l'avenir en affinant leur signature musicale. Celle-ci est déjà brute et authentique mais manque encore de personnalité pour s'imposer comme l'un des fers de lance du métal alternatif hexagonal. "Kill Me This Monday" (l'album) est à écouter et Kill Me This Monday (le groupe) une formation à suivre de près.