En 2003, à moins d'avoir passé l'année sur une île déserte, vous ne pouviez pas pu ignorer le phénomène The Darkness. Si la presse Metal consacrait une couverture à ces illustres inconnus de Suffolk, le groupe allait même participer à plusieurs émissions aux heures de grande écoute, dont l'émission Taratata présentée par Nagui.
Tout débute par le matraquage d' 'I Believe In A Thing Called Love'. Justin Hawkins, chanteur et guitariste, va transcender ce hit de sa voix de castrat si particulière, et la lead guitare tenue par son frère et portée par une rythmique basique mais habitée évoque vite des canons tel que Queen ou AC/DC.
The Darkness est présenté alors comme le renouveau du Rock. Et il est vrai que ce premier essai reste habité d'une certaine urgence et d'une magie propre aux débuts doublés d'un coup de génie. Gros riffs, groove et envolées lyriques, 'Black Shuck' transpire l'énergie pure. Parfois rageur, parfois à la limite du comique dans ses montées stratosphériques, le chant de Justin éclabousse chaque composition.
Du Rock comme le monde entier semblait en attendre, le groupe vous en offre par brassées. 'Get Your Hands Off My Woman' (qui voit Justin monter encore plus haut) est irrévérencieux à souhait, et le léger 'Givin' Up (Givin' A Fuck)' présente la paire Poulain/Graham comme la rythmique idéale pour ces brûlots aux allures de coups de poing. 'Growing On Me', plus Rock N'Roll et au pré refrain ultra mélodique, 'Stuck In A Rut' et son groove à la Aerosmith, 'Friday Night' et ses lyrics décalés à la Mercury, tout ici fait référence aux grands moments du Rock, avec une personnalité unique. Au rayon ballade pour finir, nous trouvons 'Love Is Only A Feeling' où la voix de Justin, plus posée, donne une nouvelle couleur à l'exercice et un 'Love On The Rocks With No Ice' moins réussi à l'image de son titre longuet.
En dehors d'une fin d'album manquant un peu de panache après cette avalanche de testostérone, le pari est plus que gagné. Tout comme l'Artwork et le titre de l'album, The Darkness semble une sorte d'OVNI sorti de nulle part et prêt à atterrir pour révolutionner le monde. Malheureusement, la surmédiatisation aura raison de la santé du groupe, le poussant rapidement à la rupture, pour finalement revenir en 2015, avec la volonté de retrouver cette popularité qui a certainement été trop éphémère à leur gout.