Un nouveau méfait vibratoire de Nile est toujours un événement attendu, un bouleversement d'habitudes sonores. Music Waves a toujours eu une tendresse pour la bande à Karl Sanders, car non content d'avoir enfanté un genre nouveau issu de la copulation entre ambiances orientales et death malsain, elle a toujours proposé des productions de qualité vénérées par des fans inconditionnels.
Sur cette nouvelle offrande, le combo ne déroge pas à la tradition. Ainsi, "What Should not Be Unearthed" expose les qualités musicales habituelles : une profusion de guitares torturées, enharmoniques et suffocantes qui agressent les oreilles ('Call To Destruction', 'In The Name of Amun'); des titres massifs, poisseux et écrasants qui tabassent l'âme et les cages à miel; des instants de cauchemars repoussants qui font froid dans le dos ('Negating the Abominable Coils of Alep', 'Liber Stella Rubae'); des blasts incessants et des rythmes à cent à l'heure qui épaississent l'espace sonore et rendent la musique difficile d'accès ; une voix d'outre-tombe caverneuse, grave, aux imprécations agressives ('Age of Famine').
L'amateur de mélodie sera perdu dans ce déluge sonore qui fait passer Suffocation, Obituary ou Sepultura pour des enfants de chœur ou des petits chanteurs à la croix de bois. Le disque est aussi repoussant et nauséabond qu'impressionnant par la technicité qu'il déploie et la facilité avec laquelle il construit des climats étouffants à la noirceur infernale. Cette nouvelle abomination est un prolongement du talent imprimé par les productions précédentes, qui même si elle ne renouvelle pas le genre, parachève l'œuvre dantesque de ces musiciens.
Même si cet opus fait polémique, les détracteurs reprochant aux musiciens de rester sur leurs acquis, nous avons aimé cette galette jouissive sur laquelle est gravée l'identité du groupe, reconnaissable entre mille. "What Should Not Be Unearthed" choquant et attirant, cache en son sein une beauté mortifère, magistrale et éblouissante...