Le temps n’aurait-il aucune prise sur les Backyard Babies ? A l’écoute de ce "Four By Four", c’est un peu le sentiment que l’on peut avoir. En effet, après 26 ans d’existence et une pause discographique de sept années, les Suédois nous reviennent avec un line-up immuable et une recette inchangée pour ce huitième album studio. Il est toujours question d’un Rock ‘n Roll très énergique et assez basique. Un style qui pioche allègrement dans le Sleaze Rock, le Glam Rock, le Rock 70’ et le Punk californien … soit essentiellement des genres faisant la part belle aux mélodies entraînantes, aux rythmes plutôt rapides, et aux arrangements minimalistes. Le tout exécuté de bien belle manière par un groupe qui maitrise indéniablement son sujet.
Que ce soient les titres un peu plus funky et groovy, à l’image de 'Th1rt3en Or Nothing', ou bien ceux plus rêches et punkisants, comme cela est le cas avec 'Never Finish Anything' et 'White Light District', on sent les Suédois très efficients en termes d’arrangements et d’interprétation. Les morceaux sont carrés, bien structurés, et relativement faciles d’accès. On ne peut que constater que l’expérience et le savoir-faire du groupe lui permettent de se montrer très crédible. Et de fait, l’entame de "Four By Four" est très convaincante. Notamment avec 'Th1rt3een Or Nothing', et 'I’m On My Way To Save Your R ‘n R', grâce auxquels les Backyards se montrent assez irrésistibles. Malheureusement, par la suite, le groupe peine un peu à maintenir ce niveau de qualité. Ces deux morceaux entrainants, joyeux, aux arrangements assez modernes n'étant pas totalement à l’image du reste de l’album. La suite est légèrement plus poussive, les Backyard Babies ayant quelques difficultés à se démarquer de leurs productions antérieures, comme de celles de la « concurrence ».
S’il serait très exagéré de dire que l’originalité est la grande absente de ce disque, il manque tout de même le petit coup de rein supplémentaire capable de faire la différence. Ce petit supplément d’âme que l’on retrouve sur le marquant 'Walls'. Car s'il y a bien un titre qui se démarque, c'est celui-ci, tranchant par rapport à cette suite de morceaux très honnêtes, mais ne possédant pas une très forte identité propre. Ce titre, plus long que tous les autres, nous fait basculer sur sa seconde partie dans un univers assez étrange et surtout totalement inattendu. Les Suédois nous plongent dans une ambiance curieuse faite de guitares lancinantes, de sonorités hypnotiques et de bruitages insolites, avec un résultat aussi déroutant qu’envoûtant. A tel point qu’on en redemande et que l’on en vient à se dire que le savoir-faire des Backyard Babies pour ce qui est de s'extraire des schémas trop prévisibles tout en conservant l'aspect entrainant de sa musique pourrait réellement accoucher de quelque chose d’énorme.
Et l’on ressort vaguement frustré de cet album pourtant pétri de qualités. En effet, à se positionner ainsi si près de ce qui se fait de mieux dans le genre et donc de proposer un disque majeur, laisse un léger goût amer dans la bouche.