On en attendait sans doute trop. La déception est donc réelle. Forcément. Mais après tout, y avait-il des raisons d’en attendre tant que cela ? Nonobstant le talent individuel de chacune des deux parties en présence, la réunion d'Eric Wagner, mythique chanteur d’un Trouble alors fraîchement sabordé et de Danny Cavanagh, guitariste d’Anathema, ancien piler du UK Doom (Death), lequel entame à ce moment-là sa mue pour accoster les berges d’un metal atmosphérique de toute beauté avec le magnifique "Eternity", était-elle une si bonne idée ?
Quel rapport en effet entre Trouble et Anathema ? Autant de questions qui peuvent expliquer l’échec (relatif) de ce mariage contre-nature. Pourtant, l’album commence très bien avec le puissant 'Lid', le racé 'Mary Agnes' et surtout le monumental 'Window Pain', titre lent, tragique et beau, le seul dont on peut vraiment dire qu’il possède une influence du groupe anglais.
D’ailleurs, on touche là du doigt les deux principales faiblesses de "In The Mushroom", ses ambiances un peu trop enjouées et positives et l’hégémonie de Wagner et de son univers, sur celui du guitariste, dont on décèle peu la patte, hormis sur ce dernier morceau donc ou sur 'The Dream Is Over'. De fait, Lid se présente davantage comme le projet solo de l'Américain, et de ce point de vue, il est réussi.
L’homme chante divinement bien, et son hard rock stoner seventies s'enfile avec bonheur, bien que la seconde partie de l'écoute s’avère moins marquante car elle s'égare, partant un peu dans tous les sens, entre le soporifique 'You Are Here', l’anecdotique 'Randy Scouse Git', le maladroit quoique pas désagréable 'Alive' et ses influences Beatles. En outre, Danny Cavanagh n’est jamais aussi bon que lorsqu’il cisèle des riffs empreints d’une profonde mélancolie, ce qu’il n’a pas (ou peu) le loisir de faire ici.
Unique témoignage de cette éphémère association, "In The Mushroom" est un bon disque au demeurant, entaché d’un goût de rendez-vous manqué, à prendre pour ce qu’il est – un album de Eric Wagner – et non pour ce que l’on aurait aimé qu’il soit : la rencontre entre Trouble et Anathema.