La première pièce de ce nouvel album va donner quelques pistes, mais qui seront loin d'être exhaustives. Comme l'on pouvait s'y attendre, l'ombre du porc-épic plane de nouveau sur 'Thereafter', pièce mélodique et symphonique traversée de saillies métalliques et de chorus puissants,  et ponctuée d'un splendide solo de guitare, tandis que le batteur s'ingénie à incorporer moult battues à contretemps. Mais, la présence du violon et une quasi-valse au milieu de ce premier titre suggèrent déjà qu'Abigail's Ghost, loin de se contenter de singer une recette à succès, va développer sa propre personnalité.

Alors, même si une bonne majorité de l'album va rester dans les traces du maestro, ou du moins dans un style proche, ce que des titres comme 'Silver', 'Protist' ou encore 'Smotherbox' – point culminant de l'album - ne viendront pas démentir, le groupe sort des sentiers battus par le biais de morceaux plus inattendus, aux atours mélancoliques. Emblématique de cette tendance, 'Le Metteur' nous propose une plage à la mélodie langoureuse, soutenue par des accords baroques dissonants,  avant que le refrain ne vienne déployer un symphonisme aux accords majeurs. La même recette est réutilisée pour 'Sweet Serenity', et à un degré moindre sur les autres titres calmes comme 'For Damien'. Il convient également de souligner les modulations de spectre sonore faites sur ces titres par  le guitariste lors de ses soli.

La première écoute de ces plages ne laisse pas un souvenir inoubliable, tant elles tranchent avec le côté plus énergique développé par le trio sur le reste de la galette, d'autant que l'on pourra mégoter sur quelques sonorités de claviers un peu kitsch ('For Damien') ou une batterie répétitive. Pourtant, elles finissent par se révéler comme un parfait contrepoint aux titres plus classiques, et l'on découvre alors leur propre personnalité qui les rend indispensables à la bonne tenue de l'ensemble.