Veronica Freeman officie dans le heavy metal depuis 2006 en tant que frontwoman du groupe californien Benecitum. Elle sort son premier album solo "Now Or Never" cet été 2015, l'occasion pour nous de vérifier si The V a quelque chose de plus consistant à proposer que son précédent combo ou sa plastique qui ne passe pas inaperçue.
La musique de The V est un hard rock mélodique très typé années 80 et 90. Tout rappelle sans grande surprise cette période dans ce premier album : les riffs, la façon de chanter, les arrangements et même certaines mélodies qui, bien qu'épisodiquement efficaces, manquent souvent d'originalité. Cette carence s'applique à l'ensemble du disque, Freeman peinant à sortir du carcan eighties dans lequel elle semble se complaire.
Le format des titres excède rarement quatre minutes et leur structure est des plus classiques. Riffs et mélodies ne sont pas désagréables mais rien n'attire l'attention à la première écoute et il en faudra plusieurs avant qu'un certain rabâchage ne parvienne à déclencher un semblant de réaction de plaisir, le chant limité de Veronica ne relevant guère le niveau. Seuls 'Again' grâce à son riff plaisant et 'Line In The Sand' avec sa ritournelle agréable parviennent à accrocher l'auditeur d'entrée. Pour le reste, l'effort créatif est insuffisant et certains couplets frôlent la caricature ('L.OV.E.' ou 'Spellbound').
Musicalement ce n'est pas mieux et l'inspiration pioche maladroitement dans les répertoires de The Scorpions, AC/DC ou Motley Crüe pour un résultat brouillon et approximatif. Il est très étonnant de voir autant de guests (dont Mike LePond) s'être embarqués dans cette aventure moyenne. Quelques titres méritent tout de même un peu plus d'intérêt comme 'King For A Day' et sa structure rythmique en rupture ou 'Love Should Be To Blame', si une meilleure production avait su donner plus de relief à ce riff intéressant de prime abord. Le titre éponyme est lui aussi agréable et certainement le plus abouti musicalement avec des parties de guitares enfin dignes d'un album de hard rock mélodique.
On fait souvent le parallèle entre musique et cuisine, et c'est bien naturel puisque les deux domaines consistent à travailler des ingrédients pour les sublimer et obtenir un mélange supérieur à la simple somme de ses composants. La ratatouille en est un exemple parfait. Un cuisinier amateur sans grand talent qui se contenterait de jeter les légumes dans la poêle obtiendrait un résultat quelconque. "Now Or Never" est un peu comme cette ratatouille : c'est bon, mais on n'en mangerait pas à tous les repas. Cet album est quelconque, sans vraie saveur malgré des ingrédients simples et goûteux mais mélangés sans grand talent musical.
Difficile d'être indulgent puisque ce n'est pas un coup d'essai pour Veronica Freeman. L'orientation artistique est floue, les arrangements approximatifs et l'inspiration absente. Difficile également d'imaginer à qui s'adresse cet album : aux die-hard fans de la belle californienne et aux amateurs de hard rock en mal de chanteuses à forte ... personnalité ? "Now Or Never" ? Never !