Question pour un champion : paru au milieu des années 90 sous la référence SI Simply 68 du label SI Music, évoluant dans le rock néo-progressif, je suis, je suis ? … Dilemma, groupe néerlandais bien entendu, auteur d'un seul et unique album en 1995, paru peu de temps avant la faillite DU label néo-progressif ayant eu les yeux plus gros que le ventre.
Dès les premières notes de 'Believe', le ton est donné : dans la mouvance de leurs compatriotes d'Egdon Heath, le quintet envoie un néo-progressif dynamique, fait de guitares tranchantes et de synthés qui emplissent l'atmosphère, le tout soutenu par une batterie mixée très en avant et qui envoie du bois. J'offre d'ailleurs un abonnement d'un an à Music Waves au lecteur qui saura (sans regarder le line-up) me donner le groupe dans lequel officie toujours l'auteur de cette performance énergique. Dans un registre totalement différent, Frank Van Essen est en effet le batteur de … Iona !
Plutôt facile d'accès, lorgnant gentiment vers le hard-rock et faite pour séduire le plus grand nombre, la musique proposée sur "Imbroccata" déroule tous les atours (certains diront plutôt les travers) du rock néo-progressif : mélodies soignées privilégiant les accords mineurs tout en proposant quelques revirements bien venus, accompagnements harmoniques déroulant une ambiance homogène tout du long de l'album, titres enchaînés (y a-t-il un concept derrière tout cela ?), et surtout une excellente production qui permet de distinguer les différents instruments et de s'imprégner des superpositions des différentes couches sonores.
Illustration la plus réussie de ce propos, 'The Horror of Time Travel' emmène l'auditeur dans une sarabande rythmée dont seule la fin quelque peu brutale vient briser le dynamisme entraînant. On notera également la présence de chœurs d'enfants sur 'Goodbye Cruel World', comme un écho au "Children" d'Iluvatar, publié en cette même année 1995, ainsi que la ballade finale qui tranche quelque peu avec le reste de l'album.
Revers de la médaille, certains enchaînements au sein d'un même morceau pourront paraître bizarres, Dilemma sautant parfois du coq à l'âne sans que l'on arrive vraiment à en suivre le fil (par exemple sur 'Vampire' ou encore 'Rock Blossom'). Et cette impression finit par s'imposer au fil des minutes : autant la majorité des couplets et refrains se révèle plutôt percutante, autant le groupe semble manquer d'un deuxième souffle pour assurer la "3ème lame", le fameux C d'A-b-a-c-a-b, celui qui donne tout son sens à des compositions qui se veulent un tantinet progressives, comme un passage obligé auquel le groupe ne parviendrait pas toujours à donner sens.
Malgré ces quelques défauts, "Imbroccata" reste 20 années après un album tout à fait digne d'intérêt, du moins pour ceux que le néo-progressif ne rebute pas. Pour l'anecdote, je vous renverrai aux dernières notes du livret accompagnant l'album, dans lesquelles il est précisé qu'il s'agit d'un premier effort, et que Dilemma ne compte pas en rester là. On attend encore !