Nous sommes en 1988, en pleine période Hair Metal. Pour se resituer, le QG des musiciens se trouve sur le fameux Hollywood Boulevard de Los Angeles. Les groupes se battent pour assurer l’affiche de clubs aussi prestigieux que le célèbre Whisky A Gogo, le Key Club ou encore le Troubadour. MTV diffuse des clips de Hard Rock à tout va, et toutes les semaines un nouveau groupe émerge de nulle part. Dans le lot il y a du très bon mais aussi du très mauvais, difficile donc pour un jeune groupe de se faire remarquer. Winger se présente alors dans le rôle de jeunes premiers venus batailler pour prendre leur place au panthéon des Hard Rockers, sortant leur premier album dans cette jungle électrique impitoyable.
Ce combo propose un line up d’élite constitué d’anciens musiciens d’Alice Cooper (dont Kip Winger et Paul Taylor pour ne pas les nommer, respectivement bassiste/chanteur et guitariste/claviériste), ainsi que le guitariste Reb Beach et le batteur Rob Morgenstein bien connus des studios d’enregistrements. Voilà donc un groupe bien armé pour affronter ce champ de bataille où décibels et laque à cheveux remplacent lance-roquettes et grenades.
Ce premier opus, sobrement intitulé "Winger" (mais qui fût également appelé "Sahara" par certains), arbore une pochette qui n’est pas sans rappeler celle du "Hysteria" de Def Leppard. Il n’en reste pas moins une petite bombe évoluant entre Heavy et Hard FM, allant parfois jusqu’à flirter avec des influences Prog. S'ouvrant sur 'Madaleine', avec son intro à la guitare acoustique et son couplet super Heavy, le titre donne le "la", confirmé par les deux morceaux suivant cette entrée en matière réussie.
Bien entendu, comme tout bon album de Hard Rock estampillé made in USA, "Winger" contient immanquablement les ballades calibrées pour MTV. Mais force est de reconnaître que Winger sort là encore du lot, en évitant la très classique grille d’accords Sol, Do, Ré ou Ré, Do, Sol… utilisée et réutilisée à outrance depuis Bob Dylan !! Ce sont 'Without The Night' et le single 'Headed For A Heartbreak' qui se chargent de jouer ce rôle. Des titres qui laissent la place aux claviers sans pour autant oublier les guitares qui viennent agrémenter le tout de quelques jolis soli.
Le groupe se paye même le luxe de reprendre le monumental 'Purple Haze' de Jimmy Hendrix, une version qu’il est préférable de considérer comme une adaptation et non pas comme une reprise au sens littéral. Un choix pour le moins discutable si l’on est fan d'Hendrix, mais qui permet au groupe de montrer tout son talent !
Confiée à Beau Hill, déjà responsable de nombreux albums ayant connus un gros succès commercial (Ratt, Twisted Sister ou encore Alice Cooper), la production est massive et permet à ce premier album d'être bien mis en valeur. Au final, il n’est pas exagéré de dire que l’on a affaire à un excellent album de Hard US, même s'il ne révolutionne pas le genre. Mais si vous êtes fan de ce style, cet opus est pour vous car il possède des qualités indéniables qui lui font plutôt bien passer le poids des années.