Expenzer : avec un tel nom, il n’est guère surprenant de constater que ce groupe suisse donne dans un thrash pur souche.
Si au surplus je vous dis que Testament et Exodus semblent être les influences les plus marquantes qui viennent à l’esprit à l’écoute de ce "Kill The Conductor", il devient difficile d’en douter. Car même si ce premier disque ne sombre pas dans un excès de nostalgie, et que le groupe apporte quelques (légères) touches de modernité à son propos, il est clair que les racines de Expenzer sont solidement ancrées dans le siècle dernier.
Cela est notamment illustré par la reprise qui clôt le disque ('Chasm'), le groupe préférant plonger dans le premier album des thrasheurs suédois de The Haunted plutôt que de puiser dans leurs albums plus récents et un peu moins «traditionnels». Pour autant, loin de sonner désuets et dépassés, la plupart des morceaux qui composent cet album tiennent plutôt bien la route et se révèlent assez crédibles. Il en va ainsi de 'Dying T-Rex', dont la filiation évidente avec Testament ne gâche pas le plaisir d’écoute et ne nuit pas à l’efficacité. Le constat est identique avec 'Silence Of The Amps' dont certains éléments (intro, batterie…) renvoient clairement au "Ride The Lightning" de Metallica. Mais ce parallèle n’est pas un handicap, tant ce titre parvient à introduire quelques heureuses touches de fraicheur et de diversité, par ailleurs un peu rares.
Bénéficiant d’un sérieux atout en la présence de parties de guitares rythmiques très inspirées, les compositions d’Expenzer sont dans l’ensemble plaisantes et n’ont pas à rougir de la comparaison avec la production concurrente. Cependant, elles peinent à marquer durablement les esprits. La faute à une interprétation qui manque un peu de personnalité, que ce soit du fait d’un chant un tantinet monocorde, ou bien d’une section rythmique placée parfois trop en retrait et dont les interventions sont assez académiques.
Le disque ne parvient pas à passer le cap pour s’imposer comme une référence en la matière, manquant d'un brin d’agressivité et/ou d'une once d’originalité pour en faire une œuvre réellement marquante. Ainsi, même lorsqu’Expenzer hausse le ton et cherche à se montrer plus incisif, comme sur 'Pelvic Fin', on reste sur sa faim tant le groupe n’atteint pas la pugnacité d’un Destruction ou d’un Testament. Cette même frustration nous gagne lorsqu'il ne transforme pas ses timides tentatives d’enrichissement, se montrant trop timoré et trop prisonnier d’un schéma thrash traditionnel, trop rarement capable d'apporter une touche de fraicheur comme sur le solo de 'Bitter End'.
Ce "Kill The Conductor" n’en reste pas moins un album de thrash sérieux et plaisant, mais auquel il manque un peu de personnalité pour être réellement convaincant.