On connait le goût de Mike Oldfield pour tout ce qui touche à la musique ambient, la trance voire même la techno, tendances qu'il a démontrées dans sa deuxième partie de carrière au travers de "Songs from the Distant Earth", "Light and Shade" ou sur certaines parties de "Tubular Bells III". Il a également livré en son temps quelques-uns de ses titres à l'appétit de quelques remixers de talent, dont on peut notamment découvrir quelques travaux sur le récent "Best-Of 1992-2003".
Ici, suite aux sollicitations de York, alias Jörg et Torsten Stenzel, et un premier essai ('Islanders') proposé en 2012 sur l'album du même nom du duo allemand, le maestro a donné sa caution, son nom, et sa pleine collaboration (allant même jusqu'à rejouer certaines parties) à un projet complet de remix de quelques-unes de ses œuvres emblématiques.
Avant même de poser une oreille sur les plus de 70 minutes de "Tubular Beats", il est permis de s'interroger sur la pertinence d'accoler une nouvelle fois le vocable qui a fait la réputation de l'artiste (si je compte bien, il s'agit du sixième ou septième album faisant référence aux célèbres cloches), d'autant que le rapport avec les précédents titulaires du nom s'avère plus que vague.
En effet, les versions ici proposées reprennent certes quelques thèmes ou accords des titres originaux, mais d'une manière plus ou moins déstructurée, à tel point que les premières secondes voire minutes de certains morceaux ne permettent pas toujours d'en identifier l'origine avec certitude. Et si quelques remixes s'avèrent plutôt plaisants, nonobstant le style de musique ici proposé qui est bien différent de ce à quoi on peut s'attendre pour une production estampillée sous le nom de Mike Oldfield, la douche s'avère plutôt glacée pour la majorité d'entre eux.
Entre un 'To France' version techno avec une nouvelle voix féminine affreuse, 'Tubular Bells' qui étire sur dix interminables minutes ses gimmicks répétitifs sans rapport ou presque avec l'œuvre originale, son homonyme numéroté 2 dont on se demande ce qui l'a inspiré, 'Guilty' passant du disco à la techno-trance pour 2 remixes barbants au possible, 'Moonlight Shadow' vidé de sa substance par des harmonies décalées , la coupe devient vite pleine pour l'auditeur cherchant un tant soit peu à se raccrocher aux branches de morceaux mémorisés depuis longtemps. Et ce n'est pas l'entame alléchante de la dernière plage invitant Tarja Turunen pour quelques vocalises qui relèvera le niveau, tant ce 'Never Too Fall' se révèle lassant, étirant en longueur des atmosphères planantes de peu d'intérêt.
Finalement, les seuls titres à tirer (très) légèrement leur épingle du jeu sont ceux initialement arrangés pour ce style de musique, à savoir 'Let There Be Light' et éventuellement 'Far Above the Clouds', malgré un magma sonore assourdissant posé sous les cloches tubulaires.
Après cette longue procession synthétique, il m'est encore difficile d'imaginer que cet album ait été publié sous le simple nom de Mike Oldfield, sauf à imaginer en tirer un quelconque avantage marketing pour le label allemand qui l'édite. Pour l'amateur des œuvres du génial multi-instrumentiste, le triturage effectué ici se révèlera au mieux indigeste, au pire carrément insupportable.
A réserver aux fans du genre ne connaissant pas les œuvres originales, ou aux collectionneurs invétérés du Maître pour garnir leurs étagères.