"The Warning Signal" est le second album des Parisiens de The Long Escape. Formé en 2009, le quatuor officie dans un rock/métal progressif classique qui fleure bon les années 2000 et affiche une personnalité bien marquée qui l'empêche de tomber dans la caricature de cette période. Quatre ans après "The Triptych", The Long Escape tente de transformer l'essai pour franchir le palier que leur ambition leur dicte.
La construction des titres suit un schéma bien rodé : une intro percutante avec des riffs heavy, des couplets plus calmes laissant place à des refrains et pré-refrains très mélodiques et des soli virevoltants, le tout sur un mid-tempo rarement mis en défaut. L'aspect mélodique est très travaillé et les ritournelles à tiroirs de 'Crashdown', 'The Search' ou 'Awekened Ones' font mouche dès les premières écoutes. Lorsque les mélodies sont moins immédiates, l'auditeur peut facilement décrocher ('The World Going Down' et 'Carnival Of Deadly Sins'), la faute à un formatage des titres et une linéarité rythmique risquant d'induire une certaine lassitude.
Les guitares sont omniprésentes au travers de riffs principaux et secondaires très heavy et accrocheurs au premier rang desquels celui de 'Million Screens' à la Pretty Maids ou ceux de 'Homo Weirdiculous' et ''The Last Crying Man" rappelant respectivement les anglais de Threshold ou Mastodon. Quant à celui de l'intro de 'Awakened Ones', il sonne comme The Chronicles Of Israfel du canadien Dominic Cifarelli. Les solos sont souvent trop courts au regard de leur qualité et de l'émotion qu'ils procurent, comme sur 'The Search' ou 'Carnival OF Deadly Sins' où ils illuminent littéralement les morceaux. Le chant constitue à la fois l'un des points fort de l'album et l'une de ses principales faiblesses. La variété entre voix claire et growls habilement disséminés ou les multiples variations vocales séduisent, mais la voix atteint vite ses limites dans les aigus ou lorsqu'il s'agit de tenir une note, cet aspect n'étant pas pour autant rédhibitoire.
Deux titres sortent du lot, 'Digital Misery', qui rompt le schéma de constructions stéréotypées avec une intro légère et des arrangements de guitares très bien ficelés, et 'The Last Crying Man'. Ce dernier clôt l'album sur une ambiance plus progressive et plus sombre avec un final lancinant et hypnotique faisant regretter qu'il soit le seul titre s'éloignant du style métal prog du reste de l'album. Toutefois, son format de quelques cinq minutes, en font le plus long de l'album, ce qui ne suffira pas à rebuter les réfractaires au genre qui pourront apprécier les aspects les plus heavy du prog de The Long Escape.
Malgré quelques défauts récurrents, voici un solide opus de métal prog à la française, terme qu'il ne faut plus prendre comme une faiblesse mais comme un réel atout. Plusieurs écoutes permettront de s'imprégner de ses nombreuses qualités rythmiques et mélodiques et de l'apprécier un peu plus au fil du temps. Dommage que quelques faiblesses de compositions et d'interprétations empêchent "The Warning Signal" de briguer de plus prestigieux lauriers.