Abraxas est, au choix, les 365 avatars de Dieu ou le nom d'un démon. Ce patronyme a particulièrement inspiré les musiciens : un groupe de rock tchèque, un groupe américain de death metal, un groupe polonais, fer de lance du néo-prog des années 90, ou encore un album de Carlos Santana, se le sont partagés. Mais aujourd'hui, c'est un nouvel Abraxas qui émerge de la scène musicale française. Ce jeune groupe composé d'amis d'enfance, biberonné à Pink Floyd, King Crimson, Lake Of The Pier, Connan Mockassin, tape dans l'oeil de Samla Music après un premier essai encourageant, l'album-concept ''Warthog'' (autour d'un phacochère !) en 2011.
Le nouvel album, ''Totem'', se réclame d'un son estampillé 'protodancepop' assez difficile à concevoir à brûle-pourpoint. Chacune des pistes correspond aux expériences ludiques du véritable laboratoire sonore qu'est ''Totem'' où les influences des groupes dansants cités plus haut, se mêlent pour former un patchwork intéressant. Des guitares disco et des basses funk pouvant aisément enflammer les dancefloors sont accompagnées de synthétiseurs directement sortis des placards de la new-wave, de voix jouant sur les registres graves ou aigus, ralentissant ou accélérant le rythme, c'est le défi protodancepop que se lance ce jeune groupe, défi pas véritablement révolutionnaire en soi. Si l'ensemble donne envie de taper du pied ('Guatemala', le riff de guitare de 'Death Of Poussyflex), ce dynamisme ne parvient pas toujours à emporter l'adhésion (le joyeux bordel de 'Deep Down In The Middle Of Shangaï' ne semble pas assumé, notamment en raison d'un passage en français assez maladroit).
Mais il ne faudrait pas penser que ce jeune groupe se contente de jouer n'importe comment pour être original. Les trois dernières pistes offrent des ambiances quasi atmosphériques, à l'image d'un 'Démocratie' qui déploie différents climats, notamment grâce aux synthétiseurs. Plus psychédélique, 'Kayak', qui n'est pas dédiée au groupe du même nom, est la plus riche de ces créations, débutant sur un tempo intimiste avant de tournoyer dans les airs à la façon du 'Fort-Alamo' de Jean-Louis Murat, servi par un implacable arpège de guitare.
Sans nul doute plus doué que Daft Punk, ce jeune groupe aventureux et dynamique s'affirme un grand espoir de la scène pop avec ce second album qui pourrait bien animer les scènes de dance. Mais il a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de sentir l'odeur des lauriers.